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Santé
COVID-19

Une infirmière qui contribue sur tous les fronts

le lundi 11 mai 2020
Modifié à 11 h 45 min le 14 mai 2020
Par Yanick Michaud

ymichaud@gravitemedia.com

À la mi-mars, quand le virus a décidé d’étendre ses sales tentacules au Québec, des gens altruistes ont levé la main. Diplôme d’infirmière auxiliaire en poche, Marie-Eve Tetreault n’a pas hésité à se porter au front. « J’étais à Québec avec Marilyne la veille où le gouvernement a tout mis sur pause. En soupant, on en a discuté. J’ai dit j’ai mon diplôme. Si tu me permets d’y aller, je vais y aller », explique celle qui agissait jusque là comme attachée politique de la députée de Soulanges, Marilyne Picard. Elle a donné son nom sur jecontribuecovid19.gouv.qc.ca et elle a été rappelée rapidement pour grossir les rangs des travailleurs essentiels. Ceux qui se battent directement sur le terrain.

Avoir le métier à cœur

Et pour être en contact direct, Marie-Eve l’a été. Elle a été mutée dans un centre où tous les patients sont atteints de la COVID-19. Ceux qui ultimement perdront leur bataille. « C’est un peu comme les soins palliatifs. Des gens en fin de vie malheureusement. Alors c’est certain que le risque est élevé. Parce que nous travaillons directement avec le virus. Entre infirmières, nous essayons d’être à 2 mètres et de tout respecter. Mais parfois c’est difficile. Lors des changements de garde par exemple », explique Marie-Eve Tetreault, mère de quatre enfants. Son conjoint travaille chez Agropur. « C’est certain que c’est une adaptation. Parce que dans le monde de la santé, avant et encore plus maintenant, tu sais quand tu entres, mais pas quand tu sors. Heureusement, je travaille de soir et mon conjoint travaille de jour. Et nous avons une grande de 17 ans qui prend le relais quand nous ne sommes pas à la maison », mentionne celle qui n’avait jusqu’à récemment pas eu à faire d’heures supplémentaires.

Attraper la COVID en luttant

Cependant, Marie-Eve est actuellement en arrêt de travail. En congé maladie. Elle a contracté la bête. « Et ça me prend deux tests négatifs avant de pouvoir revenir. J’en avais eu un premier. Puis le suivant était ambigu. J’en ai passé un autre. Positif. Alors je dois repartir de zéro », raconte celle qui croit qu’à un moment, le virus est toujours dans le système, mais qu’il est mort. « Je me sens mieux. J’ai hâte de retourner. » C’est qu’elle est dévouée cette mère de famille, doublée d’une infirmière qui a la vocation. « J’ai toujours voulu l’être. J’ai été diplômée comme infirmière auxiliaire en 2012. Puis en 2013, j’ai eu un enfant et j’étais en congé de maternité. Mon fils était lourdement handicapé. Et il demandait beaucoup de soins. Je ne suis pas retourné travailler. C’est là que j’ai rencontré Marilyne. Nous étions dans la même situation et nous livrions des batailles. On a eu la piqûre de la politique. Nous avions des projets. Je l’ai rejointe à son bureau. Nous en étions là quand j’ai décidé de revenir », narre la dame qui a eu la douleur de perdre son garçon il y a quelques années. [caption id="attachment_81860" align="alignnone" width="444"]Marie-Eve infirmière sans visiere Dans la vie de tous les jours, Marie-Eve Tetreault contribue à faire de la société un monde meilleur pour tous. (Facebook)[/caption]

Travailler main dans la main

Elle souhaite rendre hommage à ses collègues qui sont au front. « Ce n’est pas toujours facile de l’intérieur. Avant que je tombe malade, nous avions quand même la situation en main. Mais avec l’ajout de cas, les employées qui tombent malades, ça déborde. Les étages sont pleins et il manque de personnel. » Alors que se déroule la Semaine de la profession infirmière, jusqu’au 17 mai, elle invite les gens qui le peuvent, à rallier les troupes. « S’ils ont le temps, la forme physique, c’est important d’aider notre prochain. J’invite les gens à joindre la lutte », conclut Marie-Eve Tetreault, modèle de générosité.