culture

Un site archéologique d'une ampleur inespérée

le vendredi 21 octobre 2016
Modifié à 0 h 00 min le 21 octobre 2016
Par Mario Pitre

mpitre@gravitemedia.com

Les fouilles menées l'été dernier par l'équipe d'archéologues de la MRC du Haut-Saint-Laurent dans le secteur de Cazaville ont permis de mettre en lumière un gisement plus grand et plus ancien que prévu, témoignant de la présence iroquoïenne.

Les premières fouilles réalisées à l'été 2015 avaient déjà démontré l'existence de vestiges de l'occupation iroquoïenne dans ce secteur, et les nouvelles évaluations de l'été dernier, avec l'aide de stagiaires de la communauté mohawk «nous laissent ébahis devant l'ampleur des trouvailles», mentionne l'archéologue Michel Gagné.

Baptisé Isings, du nom de la propriétaire des lieux, le site se trouve sur une grande butte de sable totalisant près de 10 000 mètres carrés. Cependant, des artéfacts trouvés en périphérie du site laissent croire à une occupation qui pourrait surpasser en superficie celle du site Droulers-Tsiionhiakwatha, déjà considéré comme le plus important site iroquoïen au Québec.

Incidemment, c'est au centre d'interprétation du site Droulers-Tsiionhiakwatha que sont acheminés les artéfacts découverts dans le secteur Cazaville.

Selon Michel Gagné, les archéologues ont découvert sur place des vases de céramique, des ossements d'animaux, des grains de maïs carbonisés, de même que des traces de fosses et de foyers. Tous des éléments qui dénotent l'orientation villageoise et horticole typique aux peuples iroquoïens. Qui plus est, l'occupation du site Isings remonterait vraisemblablement aux années 1200 à 1250, alors que celle du site Droulers est estimée aux alentours de 1375.

«Pour l'instant, nous savons que le site Isings renferme du matériel iroquoïen qui s'avère le plus ancien retrouvé à l'intérieur des terres au Québec, signale Michel Gagné. Tout laisse à penser que certains groupes, au fil du temps, s'établirent graduellement sur cette butte accueillante et fondèrent une communauté villageoise, comme le laisse supposer la présence de vestiges probables de maisonnées.»

Fluctuations du niveau du fleuve

Par ailleurs, l'équipe archéologique de la MRC compte une autre trouvaille, cette fois aux abords de la rivière La Guerre. Il s'agit d'une cavité qui aurait servi de descente pour permettre aux embarcations de franchir cette rivière et accéder à une ancienne route, la Tea Field Road, datant de 1815.

Cette découverte vient mettre en évidence les fluctuations qu'a connues le niveau du fleuve (ou du lac Saint-François) depuis la construction des premiers barrages en 1849 et la construction de la route 132.

Ainsi, cette différence estimée à 1,3 mètre «fait reculer le rivage original dans certains secteurs de quelque 20 mètres et parfois jusqu'à plus de 400 mètres de la berge actuelle», fait remarquer l'archéologue Michel Gagné. Le haut niveau du fleuve occasionnait également un vaste marécage à l'embouchure de la rivière La Guerre, dont le rivage a laissé des traces d'occupation.

Les fouilles reprendront le printemps prochain dans l'imposante forêt située entre le ruisseau de la Fourche à Brûlé et l'ancien village La Guerre, une zone pour le moins inhospitalière en raison de la présence de tiques, d'herbe à puce et de panais sauvage.