Opinion

Mauvais quart d'heure pour messieurs

le mardi 01 novembre 2016
Modifié à 0 h 00 min le 01 novembre 2016
Par Mario Pitre

mpitre@gravitemedia.com

L'image masculine en prend pour son rhume depuis quelques semaines. Au point où se croirait tous devenus de violeurs en puissance, des bâtards ou de simples idiots. Acharnement, ou simple retour du balancier ?

Il y a des causes auxquelles il y a lieu d'adhérer. Les manifestations organisées la semaine dernière dans quelques villes québécoises pour dénoncer la culture du viol étaient justifiées dans le sens d'un rappel. Un rappel pour dire qu'un NON à une approche sexuelle demeure un NON.

Ces manifestations se sont déroulées en réaction aux agressions sexuelles survenues dans les résidences étudiantes de l'Université Laval et l'agression dont aurait été victime la jeune Alice Paquet par le député libéral Gerry Slavounos.  Deux gouttes qui ont fait déborder le vase, comme ce fut le cas lors des épisodes de Nathalie Simard, ou encore les révélations touchant le candidat républicain Donald Trump, qui ont entraîné leurs séries de dénonciations publiques.

Peut-on toutefois parler de culture du viol, comme si derrière chaque homme se cachait un agresseur sexuel en puissance ? Dans ce cas-ci comme dans d'autres, les exceptions ne font pas la règle. Comme semble le croire Me Anne-France Goldwater qui ne se gêne pas pour affirmer allègrement que tous les hommes sont des bâtards, ou qu'ils ne servent pas à grand-chose, sauf au lit. Des propos qui, prononcés en blague, avec un large sourire, passent comme dans du beurre et font rire l'auditoire; mais qui, dans la bouche d'un homme à l'égard des femmes, auraient suscité un tollé de protestations.

C'est le retour du balancier, comme si la femme savourait aujourd'hui une douce revanche pour toutes ces années où elle a été rabaissée, écartée de certains postes de travail ou considérée comme un objet sexuel; une réalité qui demeure encore aujourd'hui.

Le petit monsieur a évolué lui aussi au fil des décennies, parallèlement aux femmes, au point où on en est arrivé à parler «d'homme rose», ou de métrosexuel». Et on ne parle pas de toutes ces publicités où l'homme est représenté comme «le looser de service», tantôt incapable de cuisiner, de bricoler, tantôt comme un petit animal sexuel (qui a parfois besoin d'une petite pilule bleue).

On peut bien en rire. Mais s'il existe des ratés dans la vie et les attitudes sexuelles des individus, on peut aussi l'imputer à la culture sexuelle ambiante des sociétés industrialisées, où amour et sexe peinent à se côtoyer, où le sexe devient une simple recherche de plaisir, une denrée commerciale accessible instantanément, où la question morale semble aléatoire.