Opinion

La justice «webaratrice»

le jeudi 21 avril 2016
Modifié à 0 h 00 min le 21 avril 2016
Par Mario Pitre

mpitre@gravitemedia.com

Un phénomène se veut de plus en plus fréquent depuis quelque temps sur les réseaux sociaux, alors que des victimes de divers crimes, que ce soit des individus ou des commerçants, utilisent le web pour se faire justice.

À quelques reprises, des victimes de cambriolage ou de vol qualifié ont réagi en diffusant sur Facebook des images d'une caméra de surveillance sur lesquelles on aperçoit le suspect en pleine action. La victime lui demande alors de lui remettre les biens volés, à défaut de quoi il portera plainte à la police.

Assiste-t-on à une nouvelle forme de justice «webaratrice» qui aurait l'avantage de régler des dossiers criminels à l'amiable et du même coup de désengorger le système judiciaire déjà surchargé ? Cette façon de faire comporte-t-elle un certain degré de dangerosité pour celui qui souhaite se faire justice soi-même, comme au temps du Far-West ?

Du moins jusqu'à présent, le phénomène a connu du succès. Dans un cas rapporté récemment dans les médias, le propriétaire d'un magasin de pièces d'automobiles de Trois-Rivières a pu recouvrer la somme de 2000 $, soit la valeur de pneus et jantes qu'un client avait payés avec une carte de crédit volée. Le co-propriétaire du commerce a mis sur Facebook une vidéo où l'on aperçoit le suspect commettre la fraude. Environ 12 heures plus tard, le suspect se manifeste et s'engage à rembourser le montant d'argent, évitant ainsi le recours aux tribunaux, les comparutions etc.

Un autre cas similaire s'est produit il y a quelques mois, alors que le propriétaire d'un chalet de la Mauricie victime d'un cambriolage a eu recours à la même tactique pour retracer le criminel. Et ça a fonctionné, alors que le matériel volé a été rapporté quelques jours plus tard.

Tout cela semble bien efficace, jusqu'au jour où un suspect, moins docile et plus débile que la moyenne, décidera de s'en prendre directement à sa victime afin d'éliminer toute trace de son crime. Le jeu en vaut peut-être la chandelle dans certains cas, mais il comporte inévitablement une certaine dose de risque. Un «webrisque».