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Ils renflouent une barge de 110 000 tonnes

le jeudi 08 septembre 2016
Modifié à 0 h 00 min le 08 septembre 2016

Remettre un bateau à flots est un jeu d'enfant pour Alain et Kevin Lavallière. Les deux acolytes ont l'habitude de faire flotter des navires coulés, mais ils se frottent rarement à des épaves longues de 400 pieds. Retour sur un «travail de fou» que les Napiervillois ont réalisé le mois dernier, dans le port de Valleyfield.

«Des contrats comme ça, il n'y en a jamais», souligne d'emblée Alain Lavallière. Le propriétaire de l'entreprise AL Marine, spécialisée en travaux sous-marins, affiche un grand sourire lorsqu'il se remémore ses dernières semaines de travail. «C'était tout un défi! On se pétait les bretelles quand on a eu fini», admet-il en riant.

Son mandat: faire flotter une barge qui avait coulé dans le port de Valleyfield. Destinée à être démolie, l'épave longue de 400 pieds devait être remontée à la surface. «Le défi, c'était de faire remonter 110 000 tonnes de bateau abîmé, en un seul morceau, souligne Alain Lavallière. Il ne fallait pas que ça casse!»

Plan de match

Avant d'accepter de relever ce défi, le Napiervillois et son fils ont décidé de plonger pour explorer l'épave. Munis de caméras, ils se sont aventurés dans l'immense carcasse pour évaluer l'ampleur des travaux à effectuer. Il leur fallait trouver un moyen de remonter le monstre à la surface.

«On a décidé de faire croire au bateau qu'il est un sous-marin», image le passionné de plongée. En d'autres termes, faire sortir toute l'eau qui s'était infiltrée dans l'épave et la remplacer par de l'air pour la faire remonter à la surface. «Habituellement, on fait entrer l'air pour faire sortir l'eau. Dans ce cas-là, la pression aurait été trop forte. Le bateau ne l'aurait pas supportée», explique Alain Lavallière.

Ce dernier et son fils ont finalement commencé les travaux sous-marins le 13 juin. Ils en ont eu pour trois semaines à éliminer les infiltrations d'eau en soudant les fissures qui s'étaient formées sur la barge, scellant du même coup les cloisons, fenêtres et autres trous. Tout ça dans l'obscurité des fonds marins, entre les loutres et les poissons. Ils pouvaient passer jusqu'à six heures par jour au fond de l'eau.

Curiosité

La présence des plongeurs n'est pas passée inaperçue au port de Valleyfield. «Tout le monde venait nous voir pour nous demander si on allait vraiment faire sortir la barge du fond de l'eau! À 400 pieds, personne ne pensait que c'était possible», rigole Alain Lavallière.

Ce dernier admet qu'il s'agit de la plus grosse épave qu'il a eu à renflouer dans sa carrière. «Il y avait tellement de risques que ça ne fonctionne pas! On devait boucher toutes les fissures du bateau dans le noir. Je pense que le plus difficile, ça a été la peur d'échouer», admet-il.

Une douzaine de pompes ont été installées afin de faire sortir l'eau de la barge. Dix cheminées remontant à la surface ont également été posées sur l'épave pour assurer l'entrée d'air. Ça aura pris 24 heures au navire pour remonter à la surface.

L'entreprise chargée de démolir la carcasse a ensuite travaillé jour et nuit pendant un mois et demi pour la démonter, signe que l'épave était imposante! Celle-ci a finalement disparu du port de Valleyfield, mais elle reste bien ancrée dans les souvenirs d'Alain et Kevin Lavallière!