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10 ans de Cré-Actions : comme un vieux jeans indémodable

le samedi 18 février 2023
Modifié à 14 h 07 min le 23 février 2023
Par Eric Tremblay

etremblay@gravitemedia.com

L'atelier-boutique Cré-Actions résiste au temps tel un jeans. L'initiative issue de Justice alternative du Suroît célébrait ses 10 ans jeudi. (Photo Journal Saint-François : Eric Tremblay)

L’atelier-boutique Cré-Actions célébrait ses 10 ans le 16 février. L’idée née d’une réflexion de Justice alternative du Suroît et du don d’une machine à coudre et de tissus à fait son chemin. Comme un vieux jeans indémodable.

En avril 2012, Justice alternative du Suroît, a constaté qu’il y avait une hausse de dossiers de jeunes contrevenantes. Si les garçons avaient besoin d’être dans l’action, les filles nécessitaient davantage d’être en relation. 

Le programme Cré-Actions est issu de cette réflexion. Il permet d’agir de manière préventive sur la criminalité. Dans la tranche d’âge 14-24 ans, les jeunes femmes, auxquelles se sont ajoutées les hommes et les non-binaires au fil des ans, viennent développer des aptitudes créatives, mais aussi en vente ou sociale avec la boutique et les différents marchés. Le groupe, formé de participants en transition vers l’âge adulte, s’épanouie sous différentes formes.

«Pour Cré-Actions, 10 ans ça représente des péripéties, des défis et des obstacles, informe Annick Sauvé, coordonnatrice de l’atelier-boutique. Mais surtout de belles réussites et de beaux souvenirs. »

L’idée temporaire a rapidement gagné en popularité et la pression de la maintenir a fait son chemin. «Chez Justice alternative du Suroît, on fait les choses différemment, dit avec une certaine fierté Mme Brisebois. On répond aux jeunes et à leurs besoins.»

Le défi de ce projet d’économie sociale réside dans son financement. Celui-ci n’est pas récurrent. Mais l’équipe travaille un plan d’action et une campagne d’auto-financement sera lancée.

Jeune et écolo

Le jeans est rapidement devenu un symbole de Cré-Actions. «C’est un tissu jeune et attirant, explique Isabelle Brisebois, directrice de Justice alternative du Suroît. Au niveau écologique, les études démontraient que c’est toutefois plus cher à produire. Ce sont les raisons qui nous ont amené à les recycler. On les récupère au complet; le tissu, les boutons et la fermeture-éclair.»

Au départ, un principe de troc avait été développé. Les participantes pouvaient concevoir deux tabliers avec un jeans. À la fin de ce travail, elle pouvait quitter avec une paire de pantalon. «Dans leur esprit, c’était mieux ainsi, ajoute Mme Brisebois. Elles avaient le sentiment de l’avoir mérité.»

Le feu sacré

Le 30 décembre 2019, un incendie ravageait l’atelier-boutique. Un moment difficile, mais éventuellement charnière dans son évolution. «Le feu nous a rendu plus fort, convient Annick Sauvé. Ça nous a donné de la drive. On a pu trouver un lieu qui nous convient tellement bien [à l’angle du chemin Larocque et de la rue du Marché]. La COVID qui est ensuite arrivée nous a amenés à développer la boutique en ligne. La colère et la tristesse, on les a transformées en moteur de résilience.» 

Une belle mobilisation s’est formée. Avec les partenaires, mais aussi la quelque soixantaine de jeunes qui participaient aux activités à ce moment-là. Cré-Actions est revenu plus fort dans ses convictions. Le budget a récemment permis d’ajouter une intervenante à l’équipe. Si bien que les services répondent à un plus grand nombre de participants.
«Cette année, on a eu 94 jeunes dans notre local plus grand et mieux éclairé, explique Isabelle Brisebois. Les jeunes demandent beaucoup d’attention. Il faut prendre du temps. On les prend un par un. Mais on a de belles réussites.» 

La couture a été l'élément qui a permis aux filles d'entrer en relation et de développer des aptitudes qui leur permettent de grandir. (Photo Journal Saint-François : Eric Tremblay)