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Agriculture

Néonicotinoïdes : des répercussions importantes dans l’alimentation

le vendredi 16 avril 2021
Modifié à 11 h 25 min le 16 avril 2021
Par Yanick Michaud

ymichaud@gravitemedia.com

Gérald Hénault et Joël Laberge sont deux apiculteurs du Haut-Saint-Laurent et s’entendent pour dire que les néonicotinoïdes sont plus que néfastes. « Je suis particulièrement frappé. Je suis entouré d’agriculteurs. Chaque année c’est la même chose. Par exemple il y a deux ans, je venais de m’acheter des ruches. Les voisins ont arrosé en plein jour, au soleil, il ventait et c’était chaud. Ça a tué mes abeilles », déplore Gérald Hénault de la Brasserie Saint-Antoine-Abbé. L’homme possède aussi une miellerie et une hydromellerie. « Ils ont arrêté d’arroser après une heure. Mais le mal était fait. Le ministère, le MAPAQ sont venus me rencontrer quelques jours plus tard. Parce que j’avais déposé une plainte. Mais on ne peut rien faire contre ça, l’arrosage est autorisé », lance l’homme dont les fermes voisines produisent du maïs, du grain, du soya. De grandes cultures. « Je ne vois pas comment on peut s’en sortir. Je suis entouré. Mais en même temps, ils devraient y penser, parce que les abeilles sont des pollinisatrices. Sans elles, tout disparaît », plaide celui qui a déjà remporté en 1988, entre autres, la Ruche d’Or remise dans le cadre du concours de l’Excellence apicole du Québec.

À la croisée des chemins

Ce que Gérald Hénault a vécu en 2019, Joël Laberge a eu la douleur de le ressentir en 2020. Des milliers de ses protégées sont mortes en raison d’un arrosage par grand vent. Il milite en faveur du bannissement de ces néonicotinoïdes, des pesticides tueurs d’abeilles. « Quand il y a 2 ans, en décembre, ils ont passé le vote pour bannir en 2023, nous exigions un bannissement encore plus rapide. Mais voilà que c’est pire. On retrouve ces produits partout dans les rivières, dans nos champs. C’est l’humain qui en souffre également. Ça affecte le système nerveux des abeilles. Mais celui des humains aussi », lance le propriétaire de la Miellerie Saint-Stanislas. Sans vouloir lancer de guerre de mots, il croit encore que l’on contourne les règles. « Quand l’UPA mentionne qu’on réduit l’arrosage à l’acrage, oui, mais ce qu’on ne dit pas c’est que la superficie a augmenté. On multiplie par cinq la superficie de semences. C’est comme dire, je ne mets plus deux sucres dans mon café. Je n’en mets qu’un seul. Mais je ne dis pas que je ne prends plus un café par jour, j’en prends cinq. Il y a plus de superficie à arroser », décrie-t-il. Il demande le bannissement des trois pires néonicotinoïdes. « Parce que les pertes sont encore importantes. Cet hiver on l’a vécu. Encore. De 68 000 ruches au Québec, nous étions passés à 55 000. Et cet hiver, nous en avons encore perdu 10 000. Et il faut les remplacer. Mais nos abeilles viennent d’ailleurs. Et avec les restrictions dans le monde de l’aviation ce n’est pas facile. Nous n’y arriverons peut-être pas. Il faut s’attendre à ce que le prix du miel fasse un bond. Et tout le reste du panier d’épicerie. Parce que sans abeille, pas de pollinisation et moins de production », avertit Joël Laberge, l’un des 40 apiculteurs professionnels au Québec.