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Médecins de famille : une ressource rare et fragile

le vendredi 15 novembre 2019
Modifié à 11 h 14 min le 15 novembre 2019
Par Yanick Michaud

ymichaud@gravitemedia.com

Malgré une certaine amélioration quant au nombre de Québécois ayant trouvé un médecin de famille dans les cinq dernières années, une pénurie d’effectifs est toujours inquiétante.   « Nous sommes ici pour souligner le chemin parcouru dans les dernières années. Nous sommes passés en 2014 à 64 % des Montérégiens qui comptaient sur un médecin de famille à 79 % aujourd’hui. C’est très positif. Mais on sait que des gens cherchent toujours. Nous voulons voir le plan de match pour faire différemment. Il y a toujours la question de la pénurie d’effectifs », note le Dr Louis Godin, président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec. Il était de passage à Valleyfield afin de rencontrer les médecins de la Montérégie-Ouest. Son collègue le Dr Sylvain Dufresne, président de l’Association des médecins omnipraticiens du Sud-Ouest était présent. Il s’est également montré tout à la fois encouragé et inquiet. « Il y a des améliorations. Mais nous devons trouver des solutions rapidement », admet-il. Dans le Sud-Ouest, présentement 19 400 personnes sont inscrites dans le guichet accès à un médecin de famille. De ce nombre, environ 11 700 personnes s’y sont inscrites depuis le 1er avril 2019. À titre indicatif, près de 9700 patients se sont vu attribuer un médecin depuis le 1er avril. « Il y a présentement une volonté ferme des médecins de la Montérégie-Ouest de diminuer le nombre d’usagers en attente sur le guichet d’accès pour un médecin de famille. Il y a 3 ans, 69 % de la population du territoire avait un médecin de famille alors qu’aujourd’hui, la proportion a augmenté à 80 %. On a toujours l’objectif d’atteindre 85 % », indique Jade St-Jean, conseillère-cadre au CISSSMO, qui a fourni les chiffres pour le Sud-Ouest.

Plusieurs facteurs pour expliquer la pénurie

En plus de la croissance démographique importante, des climats politiques ont eu pour effet d’éloigner des étudiants de la médecine familiale. « Si le pouvoir politique n’avait pas, entre 2014 et 2018, à la fois découragé la relève médicale à faire le choix de la médecine familiale et poussé de nombreux médecins d’expérience à la retraite, la cible provinciale de 85 % de prise en charge serait probablement déjà atteinte. Plus de 200 postes de résidents en médecine familiale sont demeurés vacants durant ces quatre années au Québec. C’est un constat qui fait mal. Mais il est difficilement contestable. Le Québec au tournant des années 2000, comptait un nombre équivalent de médecins de famille et de médecins spécialistes. Aujourd’hui, la province compte 1000 spécialistes de plus. Un fait unique au Canada », lance le Dr Louis Godin qui voit une pression immense sur les médecins. « Les médecins sont déjà à pleine capacité. Ce n’est pas une situation facile à gérer. Car il y a toujours des postes qui ne sont toujours pas occupés », dit-il. Il en profite pour indiquer que la position de la Fédération sur les médecins étrangers est que s’ils ont les capacités et les connaissances, ils obtiendront toujours la faveur.

Un métier très demandant

Le travail de médecin de famille au Québec est très demandant. Ici, 40 % du travail se fait à l’hôpital. On ne peut pas toujours faire du bureau. « Les médecins de famille du Québec ont répondu présents comme jamais au cours des dernières années. Ils ont réussi le tour de force de prendre en charge 1,1 million de patients supplémentaires. Ils entendent vouloir poursuivre dans cette voie. Mais ils ont besoin de soutien pour y arriver », dit le Dr Godin. Une contribution plus grande des collègues spécialistes en milieu hospitalier, l’ajout de professionnels comme les infirmières, un soutien administratif adéquat et un accès simplifié et amélioré aux consultations spécialisées et aux plateaux techniques seraient de mise. Sans compter que certains médecins sont à l’aube de la retraite. Ceux qui pratiquent depuis de nombreuses décennies ont des volumes de patients significatifs. « Ils ne veulent pas partir et abandonner leurs patients. Il faudra former plus de médecins. Car on est en risque de surmenage pour certains », conclut celui qui est visiblement inquiet quant à la capacité de doter le futur hôpital de Vaudreuil-Soulanges, de personnel adéquat.