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Le cellulaire en classe : une gestion qui s’ajoute à l’École Baie-Saint-François

le mercredi 27 mars 2024
Modifié à 8 h 46 min le 27 mars 2024
Par Eric Tremblay

etremblay@gravitemedia.com

L’école de la Baie-Saint-François avait déjà encadré l’utilisation du téléphone cellulaire en classe dans son code de vie avant la mise en application de la loi provinciale. (Photo Journal Saint-François : Yanick Michaud)

Le code de vie de l’école de la Baie-Saint-François encadrait déjà les cellulaires en classe. Si bien que la Loi provinciale qui interdit l’appareil dans un local d’enseignement n’a pas bousculé le quotidien à l’école secondaire de Salaberry-de-Valleyfield. Néanmoins, la gestion des téléphones portables comporte son lot de défis dans l’établissement scolaire. 

Selon les intervenants scolaires rencontrés, au moins 90 % des étudiants de l’ÉBSF posséderaient un cellulaire. En entrant en classe, ils doivent déposer leur appareil dans une boîte ou dans un de support numéroté qui ressemble à un rangement à souliers. Cette façon de faire serait la plus adéquate selon les observations.

Véronique Schmidt, enseignante au premier cycle, utilise la boîte et le tout se déroule bien dans sa classe. «Il peut y avoir un enjeu peut-être pour certaines classes ou d’autres qui ont plus d’élèves», convient-elle toutefois.
Les enjeux impliquent une intervention. Qui peuvent entraîner la confiscation de l’appareil. «Certains ont dû venir chercher leur téléphone à la fin des classes à mon bureau, observe Sophie Guay, directrice adjointe. On voit de plus en plus de cas où les élèves doivent remettre le cellulaire. À la deuxième fois, j’appelle les parents.»

Joël Mercier, directeur de l’école qui accueille 1600 étudiants, soutient que cette gestion qui s’est ajoutée au fil des ans peut comporter un irritant. «Des centres de services scolaire l’ont complètement interdit à un certain moment, mais ce n’était pas idéal, a-t-il affirmé. Ils sont revenus à une gestion par les professeurs. On essaie de se positionner et notre approche n’est peut-être pas parfaite encore. Mais on est dans le plus pragmatique.»

Les étudiants peuvent utiliser leur téléphone entre les cours. Et ils le font abondamment. En même temps, les gymnases sont pleins sur l’heure du dîner, signe qu’ils ne sont pas toujours sur leur appareil.

Mathis El Masnaoui, étudiant en secondaire 5 à l’ÉBSF, a expliqué utiliser son téléphone cellulaire majoritairement lorsqu’il était seul pour jouer à des jeux ou fouiner sur Instagram. (Photo Journal Saint-François : Eric Tremblay)

Des vertus pédagogiques et plus

À l’école donc, il revient aux enseignants de décider si les élèves peuvent utiliser leur cellulaire à des fins pédagogiques. Que ce soit pour des recherches ou utiliser des applications académiques comme Mozaïk ou Kahoot. À l’ère des communications, les échanges se font via l’application Teams, dont l’utilisation a explosé depuis la pandémie.

«Il faut trouver la bonne façon de l’utiliser, prévient Mme Schmidt. Récemment, mes élèves ont travaillé sur une bande dessinée sur la révolution américaine; j’ai autorisé les élèves à utiliser leur téléphone en classe pour faire des recherches.»

L’appareil est aussi au cœur de notre quotidien. Lors de la rencontre à l’école secondaire, une élève d’origine turque a pu expliquer la douleur qui l’affligeait à partir de l’application Say Hi. Certains ont aussi besoin de leur téléphone pour connaître leur taux de glycémie. 

Extrait du code de vie de l’école de la Baie-Saint-François sur le cellulaire

J’utilise mon appareil électronique en classe seulement lorsque l’enseignant le permet.
Mon enseignant me dira comment il souhaite que je dispose de mon appareil et ses accessoires. Utiliser mon appareil en classe est un privilège et non un droit.

Temps d’écran : une nécessaire prise de conscience

Le syndrome du FOMO [acronyme pour fear of missing out - qui se traduit par la peur de rater quelque chose] gagne du terrain.

Janie St-Aubin, technicienne en éducation spécialisée, parle beaucoup des grandes attentes des gens vis-à-vis l’instantanéité de l’information. Le personnel scolaire peut restreindre l’utilisation de l’appareil à l’école. À la maison, la situation peut devenir un bar ouvert.

«On est rendu des enquêteurs professionnels, affirme-t-elle. Il y a beaucoup d’histoires de réseaux sociaux, d’expose [un phénomène d’intimidation]. Ce qui part de la maison se retrouve parfois à l’école.»
Elle se questionne à savoir si les jeunes de secondaire 1 ou 2 ont la maturité pour gérer les réseaux sociaux. «Si c’était seulement de moi, ils n’auraient pas de cellulaire, a-t-elle affirmé. C’est néfaste.»

Des études ont démontré les liens entre l’anxiété, le manque de sommeil ou la difficulté de gestion des émotions avec le temps d’écran.

Les intervenants sont d’avis qu’ils ont un rôle de prévention et d’éducation auprès des jeunes. 

Les jeunes sont le reflet de leur société soulève également Joël Mercier. «Dans beaucoup de familles, disons deux parents et deux enfants, ils peuvent avoir chacun leur appareil avec leur difficulté de gestion du temps; ici avec 1600 élèves c’est à plus grande échelle», laisse entrevoir le directeur. 

La question fait l’objet d’un débat de société qui dépasse les murs de l’ÉBSF. Le Parti Québécois a annoncé vouloir s’attaquer au temps d’écran chez les jeunes, un problème de santé publique, a avancé son chef, Paul St-Pierre Plamondon.
 

L'utilisation abondate du cellulaire fait partie d'un enjeu auquel la santé publique et certains partis politique entendent se pencher prochainement. (Photo : Pixabay)