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L'ancienne usine à papier démolie

le mardi 09 juin 2020
Modifié à 13 h 33 min le 10 juin 2020
Par Michel Thibault

mthibault@gravitemedia.com

Un énième incendie de nature criminelle a forcé la démolition de l’ancienne usine de papier longtemps connue comme la Domtar à Beauharnois. Les flammes ont ravagé et fragilisé la bâtisse principale le 2 juin. «Dans un premier temps, pour l’extinction, on a dû faire appel aux pelles mécaniques pour venir à bout de l’incendie. Le feu était pris aux deuxième et troisième étage. Le feu couvait sous le toit et on ne pouvait pas l’atteindre. Le toit s’est effondré », explique Jean-Maurice Marleau, directeur du Service de sécurité incendie de Beauharnois. Ce qui restait du bâtiment fragilisé par l’incendie a été démoli par mesure de sécurité. Il s’agissait d’un 4e feu allumé volontairement à cet endroit en quelques mois. L’usine était désaffectée depuis 16 ans. Entre 1912 et 2004, du papier monnaie, des passeports et des mandats-postes y ont été fabriqués par les entreprises qui se sont succédé, la Howard Smith Paper Mills, la Domtar puis la Spexel. Souvenirs La papetière reste dans la mémoire collective de la région et de nombreuses familles. Conseiller municipal à Châteauguay, Marcel Deschamps a envoyé des photos des pompiers à l’œuvre le 2 juin.  « L’incendie m’interpellait car mon père y a passé sa vie ainsi que plusieurs de mes oncles. J’y ai moi-même travaillé comme étudiant plusieurs étés », a-t-il fait part. « Moi, c’était avec la Domtar, mon père a débuté avec la Howard Smith Paper Mills. L’anglais était à la mode. Le directeur de l’usine durant les 40 ans que mon père y a travaillé était un unilingue anglophone », a indiqué M. Deschamps. Son père a été trésorier du syndicat avant d'en devenir président à l'époque. « Il devait, au début, collecter les cotisations des membres, sur son lieu de travail. Le gérant de l’usine avait averti mon père qu’il ne devait jamais être surpris en train de le faire, sinon, il serait mis à la porte. Imaginez 25 cents par mois », relate-t-il. En quelle année ? « J’ai eu connaissance de la collecte des cotisations alors que j’avais environ 12 ans. Je suis né en 45 donc ça devait être vers la fin des années 50. Il devait aller dans les vestiaires, à l’entrée d’une nouvelle équipe, pour y faire la collecte des cotisations. Plusieurs tentaient de l’éviter pour ne pas payer. Vive la formule Rand qui est arrivée un peu plus tard », conclut Marcel Deschamps. À la suite de son envoi, le journal a demandé aux gens de partager leurs souvenirs de l’usine. Voici quelques témoignages. "La Domtar, c’était pour moi, une histoire de famille. Ma mère, mon grand-père et mon oncle y ont gagné leur vie !! J’y ai moi-même travaillé en tant qu’étudiante pendant quelques années. J’ai même été la première fille à travailler comme ‘’4e homme’’ sur la ‘’ grand machine ‘’!!! C’était une autre époque, une belle époque!!!  " - Isabelle Thibeault-Montpetit   "Ils fabriquaient le papier Byronic que les imprimeurs ont vendu à la tonne pour imprimer des entêtes de lettre, enveloppes & cartes d’affaire." -Guy Racine   "Beaucoup de membres de ma famille (père, mère, oncles, tante, frère) ont travaillé à cette usine. Beauharnois s'est développée autour de ses usines Kilgour, l'Alcan, Chromasco etc. Je me souviens, à l'époque de mon enfance, (vais me trahir un peu ici lol) voir mon père revenir de Howard Smith sur l'heure du diner en voiture avec Médard Frappier vêtu d'une salopette blanche à 12h10min et repartir à 12h50. Il a personnifié le Père Noel lors d'une parade alors que Régine Leblanc personnifiait la fée des étoiles. Lors des rencontres de famille ça parlait de la Domtar et ses départements. Oui c'était une autre époque. RIP" -Lise Pelletier   "Mes 2 souvenirs sont l'odeur très désagréable à travers la ville et la pollution de l'eau du lac St-Louis et du canal qui longe le bois Robert..." -André Nantel [caption id="attachment_28025" align="alignnone" width="1920"] L'ancienne usine Spexel auparavant Domtar.[/caption]