Justice

La Couronne réclame 4 ans de détention pour le chauffard de Saint-Clet

le mercredi 05 décembre 2018
Modifié à 16 h 20 min le 05 décembre 2018
Par Mario Pitre

mpitre@gravitemedia.com

La Couronne réclame une peine de détention de 4 ans pour Philip Hargrave, reconnu coupable de conduite dangereuse et de négligence criminelle à la suite de l’accident qui avait fait trois blessés graves le 26 septembre 2015 à Saint-Clet. Dans sa plaidoirie prononcée le mercredi 5 décembre au palais de justice de Valleyfield, le procureur Me Patrick Cardinal a fait valoir que les circonstances exceptionnelles dans lesquelles s’est produit ce drame exigeaient une telle peine, même si ce type d’accusation recommande une peine allant de 8 mois à 3 ans. Ces circonstances, a-t-il rappelé, sont celles voulant que l’accusé consommait du cannabis et des champignons magiques; qu’il circulait à 130 km-heure au moment de l’accident, et surtout les conséquences que le drame a entraînées chez les trois victimes, notamment Kevin Gratton, « qui est mort sans être vraiment mort», a signifié le procureur. Incidemment, celui-ci a présenté un rapport dans lequel sont mentionnées les conditions végétatives dans lesquelles le jeune Gratton est confiné depuis cet accident, 24 heures sur 24, au CHSLD Dr-Aimé-Leduc. Cette triste description, difficile à entendre, a incité la juge Marie-Chantal Doucet à décréter un ajournement de 15 minutes avant de poursuivre. [caption id="attachment_56515" align="alignnone" width="521"] Kevin Gratton demeure dans un état neurovégétatif au CHSLD Dr-Aimé-Leduc. (Photo Journal Saint-François Archives)[/caption] La poursuite a aussi déposé deux témoignages fort émouvants rédigés par le père et la mère de Kevin Gratton, quant aux conséquences dramatiques que cet événement a entraînés sur leur vie familiale. «J’ai l’impression que mon fils est mort, mais je ne peux faire mon deuil», écrit notamment Stéphane Gratton. L’accusé s’adresse aux parents À l’inverse l’accusé Philip Hargrave s’est aussi adressé à la famille de Kevin Gratton, pour dire qu’il regrettait «cette tragédie injuste dont je suis la cause… je ne pourrai jamais effacer la peine que j’ai causée», a-t-il dit, notamment à l’endroit des proches du jeune Gratton. Son témoignage n’a toutefois pas affecté la mère de la victime, Lynda Bercier, qui affirme ne pas en croire la sincérité. «Quand il va sortir de prison, il sera entièrement libre, alors que Kevin assume sa sentence pour la vie», a-t-elle confié. En défense l’avocat Me Robert Polnicky a suggéré une sentence pouvant aller de 24 à 30 mois de détention, ce qui, selon lui, correspond aux sentences décernées habituellement dans ces conditions. Il a fait valoir que l’accusé n’avait aucun antécédent judiciaire et que son dossier de conduite de la SAAQ était sans taches. Les deux parties ont également débattu sur différents dossiers de jurisprudence de même que sur le calcul du temps que l’accusé a déjà purgé en détention. La juge Marie-Chantal Doucet devrait rendre sa décision le mardi 15 janvier prochain.

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