Engager à changer sa société

Le 3 septembre 1999, Pierre Lavoie entreprenait son premier défi. Seul à vélo, il a roulé 650 km. Désormais, ils sont plus d'un millier à sillonner le Québec sur 1000 km. Son défi personnel en est devenu un de société.

«C'est sûr que ça fait peur, a confié Pierre Lavoie en entrevue. Au début tu as un plan de match. De voir que le Québec est dans une mission importante, c'est quelque chose. On voit qu'on est capable de faire de grandes choses. Mais si tu veux réussir, tu dois travailler. »

Devant les gens réunis au dîner de la Chambre de commerce et d'industrie de Beauharnois-Salaberry, il a axé son discours sur l'engagement. Pour l'ancien fumeur sédentaire à qui un enseignant d'éducation physique lui avait dit que la course n'était pas pour lui, rien n'est devenu impossible. L'amour a été sa première motivation à bouger.

Assez pour faire des épreuves de type Ironman et même gagner la prestigieuse compétition à Hawaii. Sa détermination à contribuer à la recherche sur l'acidose lactique, qui a provoqué le décès de deux de ses enfants, a été un autre catalyseur.

Il a créé neuf programmes sportifs et mis sur pied une entreprise phare pour les saines habitudes de vie. «Mieux vaut prévenir que guérir», est en quelque sorte devenu sa pensée magique. «La santé est le plus grand défi, a-t-il dit. L'objectif est de changer la culture de santé au Québec. On entre dans une ère de responsabilité et d'engagement. »

Avec le taux d'obésité qui a triplé depuis 1980 et la découverte de diabète de type 2 chez des enfants de 12 ans, il fallait réagir. Les enseignants ont été ses haut-parleurs dans les écoles. «Sortez les chronos et faites des épreuves, a suggéré Pierre Lavoie. L'engagement, c'est la partie de nous à laquelle on croit ou que l'on souhaite devenir. »

Le pouvoir des enfants

Avec 80 % des 2134 écoles primaires du Québec qui se trouvent dans des milieux défavorisés, la tâche n'était pas simple. Pour lui, l'éducation est la colonne vertébrale de la société. Elle devrait être sa première priorité. Il faut donc créer le meilleur des environnements possibles.

Il a créé le symbole des cubes d'énergie. «Les parents les appellent "les maudits cubes", a-t-il rigolé. Il n'y a rien de plus plate que d'aller marcher une heure sur la piste. Mais d'amasser des cubes et de les accumuler, c'est stimulant. Les parents sont le plus beau modèle que les enfants peuvent avoir. Les enfants répètent ce que font leurs parents. »

L'an dernier, 103 000 000 de cubes d'énergie ont été accumulés au Québec, soit 25 000 heures d'activités physiques. Les plus jeunes entraînent la vague de changement. Une génération qu'il qualifie de brillante, solide et branchée.

«La jeunesse d'aujourd'hui me rassure, confie Pierre Lavoie. On l'a vu avec les 5000 qui ont couru entre Montréal et Québec en fin de semaine. Ils diront tous que ça représente l'événement de leur vie. »

La mission de Pierre Lavoie a fait bouger les choses. Tellement que le gouvernement a ajouté le rôle des Saines habitudes de vie à la ministre déléguée Lucie Charlebois. «C'est rassurant, a souligné M. Lavoie. On a un répondant qui doit proposer des politiques. Le gouvernement doit proposer des leviers. C'est ensuite à la population de les mettre en pratique. »

Le Grand défi Pierre Lavoie

9 programmes et trois autres en développement

11,5 M $ en administration

Plus de 3 M $ redistribués annuellement dans les écoles primaires

1355 écoles participantes soit plus de 400 000 enfants qui font des cubes d'énergie

Quelques statistiques

50 % de nos impôts, soit 34 milliards $, est destiné à la santé

16 milliards $ est investi en éducation

L'espérance de vie se situe à 80 ans pour les hommes et 84 ans pour les femmes. L'espérance de qualité de vie est toutefois de 64 ans