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Compétentes menuisières qui ne changeraient pas de métier

le mardi 10 décembre 2019
Modifié à 11 h 07 min le 29 novembre 2019
Par Yanick Michaud

ymichaud@gravitemedia.com

Dans un métier, la construction, longtemps jugé comme étant réservé aux hommes, ces menuisières sont bonnes. Elles sont capables. Et jamais elles ne seront des victimes.   « Je n’ai jamais pensé que c’était un métier pour les hommes. J’ai toujours voulu réaliser des trucs. Rénover des choses. D’ailleurs la discrimination ne vient pas des hommes. Elle vient des autres femmes qui ne connaissent pas notre métier », lance d’entrée de jeu, Violette Goulet, volubile. Elle fait partie de l’équipe de trois menuisières employées par Valrive à Salaberry-de-Valleyfield. Un employeur qui n’hésite pas à embaucher des femmes pour œuvrer sur des chantiers. « Nous avons commencé avec une seule fille. Puis ça a tellement bien été que nous avons voulu aller de l’avant avec d’autres. C’est un succès. Les filles agissent comme elles-mêmes. Comme elles sont capables de le faire. Par ailleurs, on ne note pas de blagues sexistes ou de comportements déplacés de la part des collègues. Les filles font le travail », explique Marie Bernard Turmel, chargée de projet et ingénieur junior chez Valrive. [caption id="attachment_75247" align="alignnone" width="444"]Construction métier femmes Valrive Marie Bernard Turmel, chargée de projet se retrouve souvent sur le chantier et indique que chez l’employeur Valrive il existe un bel équilibre entre le nombre de femmes sur les chantiers et celles qui travaillent au bureau. (Photo Pierre Langevin)[/caption]

Un bel équilibre sur le chantier

Chez Valrive au cours de la dernière année on a employé jusqu’à une vingtaine de menuisiers. Jamais l’ambiance n’a été entachée par la présence de ces dames qui sont formées et compétentes. « Si un objet est plus lourd ou difficile à déplacer, on trouve un moyen. Si on rencontre un problème, c’est la même chose. Ou on demande de l’aide. Au même titre que le ferait un menuisier. Il y a de l’entraide. Il y a un bel esprit d’équipe. On travaille avec nos forces et nos faiblesses », disent à l’unisson Violette et ses collègues, Kathy Paradis et Dominick Savaria-Lepage, rencontrées sur un chantier chez Owens Corning à Valleyfield. Pour elles, pas de problèmes à rencontrer et surmonter des défis. « On a les outils nécessaires. Ça fait cinq ans que je suis dans la construction et j’ai essayé plein de choses. La finition, les rénovations, le coffrage, la construction lourde. Je n’ai pas à me plaindre. D’autant que chez Valrive, nous sommes bien traitées », avance Dominick, dont le conjoint travaille également dans le domaine. « Mais je ne travaillerais pas sur le même chantier », ajoute-t-elle en rigolant, secondée par Violette. Ainsi, les collègues les encouragent et sont plus paternalistes. Ils veulent aider, mais ne le font pas méchamment. On sent l’altruisme. [caption id="attachment_75244" align="alignnone" width="444"]Construction métier femmes Valrive Kathy Paradis ne changerait pas de métier à aucun prix. D’autant que chez Valrive, on respecte les employées, et que le travail se fait en équipe et de manière sécuritaire. (Photo Pierre Langevin)[/caption]

Un métier demandant mais apprécié

Ce sont les femmes qui questionnent plus le choix de Violette de Dominick et de Kathy. « Elles disent, pourquoi tu fais ça? Tu peux faire autre chose. Mais moi je trouve ça moins difficile sur les jambes que d’être serveuse dans un bar », image Dominick qui aime bien travailler au grand air. « L’été tu es au soleil, tu profites de la chaleur. Tu as le vent qui t’aère l’esprit. On doit s’habituer aux conditions. Mais qu’importe la température, à la fin de la journée tu es brûlée. Et c’est ce qui est merveilleux. C’est brûlant, mais satisfaisant », indique-t-elle. [caption id="attachment_75245" align="alignnone" width="444"]Construction métier femmes Valrive Dominick Savaria-Lepage préfère les bottes de construction que les talons hauts pour servir des cocktails dans un établissement. Elle l’a déjà fait et trouve les chantiers moins douloureux que les bars. (Photo Pierre Langevin)[/caption] Quant à la conciliation travail-famille, elle est la même que pour les autres travailleurs. « Dans n’importe quel métier. Et c’est autant pour les femmes que pour les hommes. La seule différence réside dans le fait que les chantiers démarrent à 7 h. Et que les garderies ouvrent à 7 h. Nous devons dans ce cas engager une nounou qui s’occupe de notre enfant et qui va le mener à la garderie chaque matin. Mais ça fait partie du tout », indique Violette qui en a cependant contre le traitement quant aux congés de maternité et surtout aux retraits préventifs. « Ça, il va falloir qu’il se passe quelque chose. Il y a un gros vide qui pénalise les femmes. J’ai déjà été congédiée parce que j’étais enceinte. Le gouvernement devrait payer pour le retrait préventif, sans pénaliser l’employeur. Il ne devrait pas y avoir de complications. Parce que c’est une grosse discrimination », déplore Violette à ce sujet. [caption id="attachment_75243" align="alignnone" width="444"]Construction métier femmes Valrive Coffrage, construction lourde, pas de soucis pour Violette qui aime se retrouver sur un chantier et trouver des solutions. Celle qui hésitait entre un métier dans le monde de la musique ou la construction considère avoir fait un excellent choix. (Photo Pierre Langevin)[/caption]