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Des chaises qui en ont long à raconter

le mercredi 06 juin 2018
Modifié à 15 h 46 min le 06 juin 2018
Par Mario Pitre

mpitre@gravitemedia.com

Les 14 chaises de l’exposition Mémoires de chaises, présentée le 6 juin au Centre culturel barverivain, à Saint-Barbe, avaient quelque chose à raconter; une tranche de vie ouvrant la porte à un avenir meilleur. Ces chaises ont en effet repris vie grâce à 14 mères et pères de famille inscrits au programme Je tisse des liens gagnants, un projet de médiation culturelle mis en place par des intervenantes sociales des CISSS de la Montérégie-Ouest (CLSC Huntingdon) et Montérégie-Est. Ces participants issus de familles vulnérables ont été identifiés comme vivant dans des conditions adverses et, pour diverses raisons, ayant de la difficulté à répondre aux besoins de leurs enfants. Investis à fond dans ce projet, ils sont parvenus à transformer des chaises abandonnées en des œuvres d’art qui transposent ce qu’ils vivent profondément en dedans d’eux. Un accomplissement Pour la plupart d’entre eux, cette exposition, bien qu’éphémère, représentait un accomplissement, un moment clé dans leur cheminement personnel, renforcé par la création de liens interpersonnels au sein de leur communauté. [caption id="attachment_48905" align="alignnone" width="521"] Tout comme sa chaise, Cindy Duchesne a appris à vivre avec ses imperfections. (Photo Journal Saint-François Mario Pitre)[/caption] «Juste le fait d’être ici aujourd’hui, c’est quelque chose qui résume bien la démarche que j’ai faite dans ce projet, a expliqué Cindy Duchesne. Quand j’ai choisi ma chaise, elle avait l’air solide, mais elle avait une longue craque et était chambranlante. C’était comme moi. Malgré des imperfections, il faut apprendre à vivre avec. Ma chaise, c’est ma vérité à moi, avec mon passé, ma réalité de femme.» Le travail de réfection effectué sur ces chaises, lors d’ateliers tenus dans les locaux de l’organisme Une Affaire de famille, les a conduits, petit à petit, à reprendre un certain contrôle sur leur vie. La chaise de Jennifer avait une patte brisée, à l’image de ses problèmes au genou et au pied. «J’ai décidé que la chaise serait vraiment moi. J’y ai ajouté des fleurs en pensant à ma fille, des gougounes et des lunettes de soleil pour ma saison préférée, ainsi que deux plantes qui me rappellent que je dois en prendre soin pour les voir se développer», a-t-elle expliqué, même si elle se disait intimidée de s’adresser au journaliste. [caption id="attachment_48906" align="alignnone" width="521"] Lynda et Jennifer sont parvenues à être davantage à l’écoute d’elles-mêmes à travers ce projet de création. (Photo Journal Saint-François Mario Pitre)[/caption] Tout près d’elle, Lynda Primeau confie qu’elle possède des talents artistiques. C’est d’ailleurs elle qui a conçu l’affiche de l’exposition. «Ce projet est arrivé juste à point pour moi, raconte-t-elle. Je suis du genre à m’oublier pour m’occuper des autres et c’est pourquoi j’avais négligé mon côté artiste. Je voulais demeurer invisible, mais le projet m’a permis de faire voir mes couleurs.» Pour elle comme pour plusieurs des participantes, cette exposition demandait un gros effort. «C’était l’équivalent de gravir l’Everest», dit-elle. Mais le succès final du projet, la contribution de nombreux partenaires et les liens qu’ils ont créés auront fait en sorte de réussir à relever ce défi, au bénéfice de leur famille. [caption id="attachment_48907" align="alignnone" width="521"] Le programme «Tisser des liens gagnants» résulte d’un solide partenariat entre divers intervenants du milieu communautaire. (Journal Saint-François Mario Pitre)[/caption]