culture

Une jeune autrice aborde la prostitution dans son premier roman

le vendredi 07 février 2020
Modifié à 14 h 43 min le 07 février 2020
Par Mario Pitre

mpitre@gravitemedia.com

Maé Sénécal ne voulait pas passer par quatre chemins pour aborder un sujet comme la prostitution dans son premier livre, Et j’ai crié sur les murs de ta ville. Âgée de 21 ans, elle a choisi d’écrire sans filtre sur une situation qui fait partie des conversations de sa génération, dit-elle. «On est de plus en plus alertes et ouverts à en parler, croit la résidente de Saint-Constant. La prostitution m’intéressait comme sujet. C’est le plus vieux métier au monde et je voulais être une voix de notre âge qui prend la parole là-dessus.» Elle ajoute que l’histoire de Riley, la jeune femme au cœur de son roman, qui fugue et se réfugie chez un ami de vieille date dans une maison de prostitution, est fictive. «Je n’ai jamais vécu ça ni connu quelqu’un qui a vécu quelque chose de similaire, mais j’ai fait beaucoup de recherches», explique l’autrice. Elle ajoute qu’elle avait un fil conducteur en tête qui n’a jamais changé. Elle a écrit les 411 pages de son livre sur une période d’un an et rédigé le premier jet pratiquement d’un bout à l’autre sans relecture. Maé Sénécal s’est également inspirée de ses grands-parents pour deux personnages. Ceux-ci occupent une grande place dans sa vie et dans son roman.

Sujet actuel

Le hasard a voulu que la populaire série télévisée Fugueuse aborde le même sujet que Maé Sénécal. Celle-ci laisse savoir à la blague qu’elle avait terminé d’écrire son roman avant que l’aventure de Fanny ne débute au petit écran, mais qu’en quelque sorte, ça a permis de lancer les débats et que son histoire soit dans l’air du temps. Il y a néanmoins des grandes différences. «Mon personnage est plus conscient. Riley voit des choses et sait que ce n’est pas bien. Elle fait par exemple la différence entre les prostitués à leur compte et celles à la merci de proxénètes», explique-t-elle. Au sujet de Riley, sa créatrice précise qu’elles ont la même façon de penser.

Succès

Selon l’autrice, Et j’ai crié sur les murs de ta ville semble être bien reçu par le public. «Il y a des gens qui me disent qu’ils ont pleuré en lisant mon livre. Pour moi, c’est la plus belle des choses. J’ai réussi à surprendre des gens avec des rebondissements. C’est très positif jusqu’à maintenant», confie-t-elle. Maé Sénécal n’a pas eu besoin d’envoyer son manuscrit à des dizaines de maisons d’édition comme le font certains auteurs. Dès le premier envoi à quelques endroits, elle a reçu deux réponses positives avant d’arrêter son choix sur les Éditions de l’homme. L’autrice a pris part au Salon du livre de Montréal, en novembre. «C’est fou d’y découvrir des nouveaux auteurs, d’en côtoyer qui sont expérimentés et de voir des jeunes visiteurs qui viennent nous parler», affirme-t-elle. Malgré la réussite de son premier roman, Maé Sénécal garde l’écriture comme passion pour le moment. Elle étudie en communication marketing à l’université et souhaite entreprendre une carrière dans ce domaine.

Trame sonore

Au début de chaque chapitre, Maé Sénécal a inscrit le titre d’une chanson écoutée pendant l’écriture de son roman. «Souvent, ç’a un lien direct avec le chapitre. Toutes les chansons se ressemblent un peu et ont un rapport avec l’histoire en général. C’est une bonne playlist pour ceux qui lisent le livre», précise-t-elle.