Actualités
post-format-video

Une députée dénonce « le labyrinthe administratif » du système de santé en Montérégie

le mardi 22 septembre 2020
Modifié à 16 h 04 min le 21 septembre 2020
Par Geneviève Michaud

gmichaud@gravitemedia.com

À maintes reprises depuis le début de la pandémie, alors qu’ils tentaient de venir en aide à des citoyens de Marie-Victorin, la députée Catherine Fournier et son équipe se sont butés à ce qu’ils appellent le «labyrinthe administratif» du système de santé en Montérégie. Renvoi d’une instance à l’autre, manque de communication entre les établissements, délais qui s’allongent; les problèmes sont nombreux, soutient la députée. Le bureau de circonscription reçoit de nombreuses demandes d’aide de la part de citoyens depuis le début de la pandémie, majoritairement en lien avec le système de santé. «Cette relation avec le citoyen est le rôle principal et essentiel d’un député, affirme Catherine Fournier, en entrevue au Courrier du Sud. Mais pour aider ces citoyens, il faut qu’on puisse obtenir des réponses rapides.» «Nos plus grandes difficultés vécues au quotidien depuis le début de la pandémie sont en raison du peu de communication avec les CISSS et entre les CISSS, poursuit-elle. C’est un peu comme les 12 travaux d’Astérix… Parfois, ç’a bien été mais souvent, il y a des choses qui accrochent.» Trois CISSS La Montérégie est l’une des rares régions du Québec à être desservie par plus d’un centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS). «À Montréal et en Montérégie, c’est là que c’est le plus compliqué au plan administratif, soutient Catherine Fournier. Ma circonscription est entre autres couvertes par deux CISSS. Et ce qui vient encore plus compliquer les choses, c’est que la Direction de la santé publique (DSP) est indépendante et couvre tout le territoire mais relève du CISSS Montérégie-Centre…» https://www.dailymotion.com/video/x7wctzc «Quand on a des questions, on appelle la plupart du temps la DSP. Souvent, on se fait répondre que c’est plutôt au CISSS qu’on devrait poser notre question… où on se fait répondre que c’est à la DSP qu’on devrait poser notre question…, raconte-elle, exaspérée. Et il faut compter trois ou quatre jours avant d’avoir la réponse de la DSP, et trois ou quatre jours avant d’avoir celle du CISSS…»
«Il faut que le citoyen soit au cœur de nos actions. On ne peut pas demander à chaque personne de connaître les dédales administratifs du système de santé de fond en comble.»

– Catherine Fournier

La députée donne en exemple le dossier de parents d’un enfant présentant un trouble du spectre de l’autisme (TSA), qui se questionnaient à propos des coupures de services pendant le confinement. Après avoir contacté le CISSS Montérégie-Est, qui couvre le territoire où habite la famille, l’équipe a dû le relancer à plusieurs reprises pour finalement se faire répondre, deux semaines plus tard, qu’elle devait plutôt contacter le CISSS Montérégie-Ouest. «Comment personne n’a pu nous dire avant ça qu’on devait passer par Montérégie-Ouest?» questionne la députée. Meilleure communication Catherine Fournier rappelle que l’objectif de la réforme Barette était d’alléger les structures. Mais selon elle, l’important est plutôt qu’il y ait une bonne communication entre les instances et la population, et entre les instances elles-mêmes. «Des structures ont été enlevées et sont devenues des silos, des voûtes qui ne se parlent pas, déplore-t-elle. On est mieux d’avoir plus de structures si on a une meilleure communication. Il faut qu’on axe nos actions sur les résultats.» La députée souhaite donc que les canaux de communication soient améliorés mais aussi qu’éventuellement, tout le système de santé soit revu. «La crise a montré les limites de la réforme Barette, ajoute-t-elle. Elle a permis de voir avec une loupe ce qui ne va pas.»   Rapport Savoie: des recommandations à appliquer en Montérégie Dans le but d’améliorer le système de santé en vue d’une deuxième vague de coronavirus, le gouvernement a commandé un Diagnostic de la coordination des activités de santé publique et de prévention et contrôle des infections lors de la première vague de la pandémie de la COVID-19 à Montréal. Produit par la sous-ministre de la Santé Dominique Savoie, le rapport Savoie déposé le 23 juillet émet plusieurs recommandations. Bien qu’il concerne la région de Montréal, le rapport «reflète la situation vécue en Montérégie», selon Catherine Fournier. C’est pourquoi lors de l’étude des crédits budgétaires du ministère de la Santé, le 20 août, elle a demandé au ministre Christian Dubé s’il comptait appliquer les recommandations du rapport en Montérégie. [embed]https://youtu.be/5dc9yhl_QW8[/embed] La réponse du ministre a été on ne peut plus claire. «La réponse est oui, on va s’assurer de ça», a indiqué celui qui était jusqu’à tout récemment ministre responsable de la Montérégie. «Je comprends très bien la problématique vécue en Montérégie», a-t-il ajouté. Quelques recommandations du rapport Savoie
  • Qu’un arrimage accru entre la Direction générale de la santé publique (volet national) et la Direction régionale de la santé publique (volet régional) soit instauré par la tenue d’échanges réguliers et de consultations spécifiques.
  • Que pour l’arrimage tactique/opérationnel régional, les échanges soient concentrés dans un comité de PDG adjoints, avec le Directeur régional de santé publique ou son représentant.
  • Que lorsque plus d’un CISSS couvre le même arrondissement ou la même ville, les PDG concernés identifient un des leurs pour agir comme interlocuteur unique auprès des élus du territoire couvert.
  • Qu’en temps de crise, les PDG prévoient des échanges réguliers, voire quotidiens, avec les élus sur leur territoire pour communiquer l’information essentielle. (NDLR: le bureau de Catherine Fournier précise que les PDG des CISSS ne prenaient pas part aux rencontres hebdomadaires qui se sont tenues le printemps dernier avec les élus provinciaux et fédéraux de la Montérégie, les préfets des MRC, la mairesse de Longueuil et les représentants de la Direction régionale du ministère de la Santé.)
  Réponses des CISSS Le CISSS Montérégie-Est, qui n’a pas souhaité accorder d’entrevue au Courrier du Sud sur le sujet, a tout de même affirmé qu’il était en constante communication et qu’il entretenait d’excellentes relations avec les députés de son territoire ainsi qu’avec les deux autres établissements de santé de la Montérégie. «Comme les demandes de citoyens qui nous parviennent via les bureaux de député concernent toujours des dossiers précis, nous devons souvent prendre le temps de faire des vérifications détaillées auprès des personnes concernées, nous indique-t-on par courriel. Finalement, considérant les responsabilités régionales des différents CISSS de la Montérégie (notamment la santé publique), il peut arriver qu’une demande adressée à un établissement soit ultimement transférée à un autre établissement, entraînant un délai supplémentaire.» De son côté, le CISSS Montérégie-Centre a indiqué au journal qu’il ne commenterait pas le rapport Savoie, comme il ne s’adresse pas à son territoire. Le CISSS ajoute qu’il n’a reçu aucune question ou communication d’insatisfaction de la part du bureau de la députée. Le CISSS Montérégie-Ouest n’a quant à lui pas répondu à nos demandes d’entrevues.