Un restaurateur défend les noms de ses commerces
N.D.L.R. : Cette lettre vient en réponse à celle publiée récemment par Jocelyn Gagnon, au sujet de la consonnance anglophone des restaurants qui ouvriront dans l’immeuble La Caserne, à Salaberry-de-Valleyfield.
M. Gagnon,
La première chose que j'ai faite lorsque j'ai lu votre texte a été de m'informer auprès de mon équipe afin de vérifier si vous aviez tenté de communiquer avec nous avant d'écrire votre texte. La réponse fut non. Voici donc ce que je vous aurais expliqué si vous m'aviez appelé.
Je suis le PDG des deux commerces qui sont 100 % québécois, « Angela & i » et « Green Gazoline Burger - burger, lait frappé et bière artisanale ». Ceux-ci ont déjà pignon sur rue, un à Sainte-Julie et l'autre à Montréal.
Lorsque nous avons décidé d'ouvrir de nouvelles succursales, nous avions le choix d'une panoplie de sites, autant sur la Rive-Nord que sur la Rive-Sud. Mais nous avons choisi de faire partie de la revitalisation du centre-ville de Salaberry-de-Valleyfield, en venant investir d'importantes sommes dans la rénovation de ces locaux charmants.
Pour en revenir à votre texte, au sujet de Angela & i, j'aimerais souligner que vous avez mis le « i » de « Angela & i » en majuscule, alors que le logo indique clairement un i MINUSCULE, faisant référence au « i » des produits iPad/iPhone (pour lesquels il n'y a pas de traduction française) et des mots comme informatique, informatisé, etc., le but étant de créer un lien avec les générations utilisant ces produits.
Angela est le nom de ma mère, un nom que je considère classique et avec lequel j'espérais faire un lien inclusif avec cette génération plus traditionnelle. Finalement, en ce qui a trait à l'esperluette (&), c'est un signe destiné à remplacer la conjonction de coordination « et ». C'est en fait une ligature du « e » et du « t ». Elle n'est pas d'usage courant dans le français des affaires, je l’avoue, mais elle est réservée aux textes auxquels on désire donner un caractère un peu « rétro » (source : Termium Plus du Gouvernement du Canada). C’est le cas pour mon restaurant dont le concept combine classicisme et modernité.
Green Gazoline Burger - burger, lait frappé et bière artisanale
Le premier de ces restaurants est situé au coin de la rue Notre-Dame et de la rue Greene, à Montréal. De là, nous espérions créer un lien entre la rue Greene et le commerce « vert », écologique. Cela dit, le mot « gazoline » écrit avec un z est aussi d'usage dans certaines expressions en français. Finalement, le mot burger est un terme tout à fait accepté en français. Mais au-delà des mots, il y a nos efforts pour réduire notre empreinte écologique et encourager les entreprises locales québécoises.
Nous aurons des bières locales, dont celles de la Microbrasserie Trois Lacs de Vaudreuil-Dorion, de la viande de boucherie locale et des pains de boulangerie locale.
Nous privilégions aussi une restauration sans carbone; il n’y a aucun appareil au gaz dans la cuisine (pas d'émanation de méthane dans le lieu de travail et dans l'environnement, meilleure qualité de l'air, aucun besoin de dégraissants lourds qui génèrent des déchets non écologiques et des fumées nocives); notre déco fait utilisation de matériaux et de mobilier recyclés et un mur « végétal »; il n’y a pas de friture, cuisson sans gras trans et pas de sodium sur nos viandes.
Tristement vous vous êtes attardés exclusivement aux noms des commerces et n’êtes pas allé plus loin dans votre démarche ce qui vous aurait permis de découvrir ce que cachent les apparences. N'est-ce pas cela le but de la publication d'un texte ?
J’ai par ailleurs été atterré quand j’ai lu votre suggestion de boycotter nos commerces. Si nous partageons un objectif commun qui est de revitaliser le centre-ville de Salaberry-de-Valleyfield, comment une telle suggestion peut-elle y contribuer?
John D'angelo - PDG