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Un nouveau livre sur les abus sexuels dans l’Église catholique

le dimanche 20 septembre 2020
Modifié à 11 h 17 min le 18 septembre 2020

Les abus sexuels perpétrés par des membres du clergé sont une profonde blessure pour les victimes et un révélateur pour l’Église raconte Jean-Guy Nadeau dans son plus récent livre. Avec Une profonde blessure, le spécialiste des questions de sexualité en lien avec les religions s’intéresse aux personnes ayant vécu ces agressions et il situe les abus dans le contexte de l’Église. «Comment de telles horreurs ont-elles pu s’y produire et surtout, y être couvertes et de ce fait perpétuées? Je suis comme bien d’autres, choqué par ce scandale. Non seulement par les abus eux-mêmes, mais par leur cover up et encore aujourd’hui par la résistance de certains prêtres et évêques à les reconnaître et à en reconnaître la gravité, ce qui est heureusement peu fréquent au Canada et particulièrement au Québec où les évêques sont conscients du problème», croit Jean-Guy Nadeau, qui souhaite donner des clés de compréhension et d’action aux hommes d’Église tout en reconnaissante qu’une anthropologie sexuelle déficiente fait partie intrinsèque de l’Église catholique. «L’Église pourrait cependant changer la vision que nous avons du mal qui a été fait aux enfants victimes d’abus sexuels par les prêtres ou par d’autres dans la famille et la société. Nous ignorons la durée du tort fait aux enfants et qui se continue lorsqu’ils deviennent adultes. Si les actes physiques se sont bien produits il y a 10, 20 ou 30 ou même 40 ans, leurs effets se font encore sentir aujourd’hui et le syndrome de stress post-traumatique les réactualise constamment. C’est comme pour un soldat qui revient du front : cauchemars, hypervigilance, honte… Mais aussi, en propre, sentiment d’être sali(e) en dedans… certains vivent un sentiment d’avoir été abandonné ou rejeté par ce Dieu censé aimé les enfants. Comment en effet comprendre que Dieu n’a rien fait pour nous aider quand on avait 8, 10 ou 12 ans? Comment comprendre que l’Église ait protégé notre agresseur?», souligne l’auteur qui voit dans le traitement d’égal à égal des femmes au sein du catholicisme et la lutte contre l’ignorance quant aux abus sexuels et à leurs mécanismes comme des voies de solution. «Le livre peut contribuer à changer… la notion de frontières dont on ne parle pas dans l’Église. Quand on se confie à un prêtre ou à un pasteur en pastorale, comme à une psychologue ailleurs, mais encore davantage, on abaisse nos défenses, on s’ouvre et on se met ainsi à risque. C’est ce qui est arrivé avec des gens qui avaient Jean Vanier comme accompagnateur spirituel, par exemple. Dans ce cas, c’est au prêtre ou à l’accompagnateur, comme aussi à la psychologue, de veiller à préserver les frontières de l’intimité», indique Jean-Guy Nadeau. À propos de Jean-Guy Nadeau Professeur honoraire de la Faculté de théologie de l’Université de Montréal, l’auteur est un des premiers experts dans le domaine des abus sexuels du clergé, qu’il étudie depuis de nombreuses années. En 2017, il collaborait au Centre for Child Protection de l’Université Grégorienne de Rome. Il a été président de la Société internationale de théologie pratique. Texte de Stéphane Lévesque, Initiative de journalisme local, L'Hebdo Journal