Opinion

Un hommage mérité

le mercredi 30 septembre 2020
Modifié à 8 h 47 min le 30 septembre 2020
Par Mario Pitre

mpitre@gravitemedia.com

J’ai été agréablement surpris de l’hommage rendu lors du récent gala des Prix Gémeaux aux artisans de l’information. Car, il faut bien l’admettre, en cette ère de pandémie, de mesures de confinement, de suspicion et de recherche de vérité, les journalistes ne l’ont pas toujours facile. Pourtant, je ne connais aucun journaliste qui n’accomplit pas son travail avec professionnalisme et rigueur, une profonde volonté de justice et le souci de bien informer le public, à partir de sources d’information reconnues et fiables. Certains le font dans un style différent, selon leur public cible, mais à la base, je crois que chaque journaliste est foncièrement honnête. Il ne se lève pas un bon matin en se disant : « Bon, aujourd’hui, je vais m’amuser à faire peur au monde », ou en daignant répondre à une soi-disant commande issue de la grande machination mondiale visant à réduire la population en état de contrôle et de servilité. En fait, si je regarde ce qui se passe aux États-Unis, je crains plutôt le contraire, que ce soit davantage le personnage présidentiel qui cherche à ignorer et à défier tout principe démocratique, incluant le rôle des médias. Ici au Québec, devant les mesures de santé publique mises de l’avant par l’État pour tenter la propagation de la COVID-19, plusieurs citoyens émettent des doutes, parfois justifiés, parfois complètement erronés, en ayant recours à des propos dangereux et anarchiques. C’est le cas sur les médias sociaux, où pratiquement chaque article publié en lien avec la pandémie suscite des commentaires violents provenant souvent d’une poignée de personnes. La pandémie a semé un climat d’intolérance qui m’étonne de semaine en semaine. Un internaute m’a même traité de «stupide», relativement à un récent billet que j’ai écrit sur l’importance de conserver les statues de personnages de l’histoire. Lors des manifestations organisées à Montréal ou à Québec par les mouvements dits «complotistes», des journalistes sont souvent interpellés, presque menacés, par des manifestants qui prétendent détenir LA vérité sur les soi-disant volontés machiavéliques de ceux qui nous gouvernent. Au moment où j’écris ces lignes, je capte une vidéo dans laquelle le journaliste Daniel Thibeault de Radio-Canada se fait harceler dans les rues d’Ottawa par un type qui prétend effectuer une «arrestation citoyenne». Pourtant, ce sont ces mêmes journalistes qui ont mis à jour le scandale des commandites, celui des pots-de-vin dans l’industrie de la construction, ou qui ont rapporté les multiples dénonciations entourant le mouvement #Me-Too. En fait, les journalistes agissent comme des messagers de l’information, ils ne l’inventent pas. Malheureusement, certains ont encore souvent pour réflexe de tirer sur le messager, dans une tentation instinctive de se débarrasser du porteur d'une mauvaise nouvelle.