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Un amour qui se multiplie dans le bonheur

le mardi 11 février 2020
Modifié à 11 h 07 min le 06 février 2020
Par Yanick Michaud

ymichaud@gravitemedia.com

L’amour ne se trouve pas toujours où l’on pense.   Dans sa tendre adolescence, Cassandra Pelletier a eu des copains. « Je n’étais pas attirée par les femmes », dit-elle. Lucie Gascon a eu quelques amourettes de secondaire, mais rien de bien sérieux. Puis le 8 octobre 2010 elles se sont embrassées. « Nous étions surprises toutes les deux. C’était à la fin d’une soirée de télévision. Nous regardions des émissions chez une amie. Et c’est arrivé. Puis ça a continué », raconte Lucie Gascon. Elles ont attendu trois mois avant de la dévoiler à leurs amis. Ainsi qu’à leurs familles. « Ma mère n’a pas du tout été surprise. Elle l’était moins que moi. Dans sa tête, j’étais lesbienne », relate Cassandra en riant. Pour Lucie, pas d’esclandre non plus. « J’ai un frère qui est gai. J’ai aussi une tante qui est lesbienne et qui a eu des enfants il y a 20 ans. La seule chose c’est que mes parents se demandaient si je leurs donneraient des petits-enfants », lance-t-elle.

Pas des lesbiennes

Lucie et Cassandra, bien qu’elles vivent le parfait bonheur côte-à-côte depuis un peu plus de neuf ans, ne se considèrent toutefois pas des lesbiennes encore aujourd’hui. « On dit que c’est pansexuel. C’est d’être à l’âme. D’être attiré par la personne. Ce n’est pas tant le sexe ou le physique, que la personne. On se sent bien avec l’autre. Nous ne sommes pas gaies et nous n’adhérons pas tant aux principes LGBTQ et le reste », expliquent-elles. D’ailleurs, ça a pris un moment avant que les choses se tissent entre elles. Lucie était la patronne de Cassandra dans un dépanneur. Et c’était une relation employeur-employée. Il aura fallu que Cassandra change d’emploi pour qu’elles se voient en dehors. « Ça a développé un autre type de relation. Une amitié qui s’est transformée », poursuivent les deux jeunes femmes qui ont vu leur vie prendre une autre tournure il y a un peu plus d’un an. De nombreux chamboulements et une nouvelle tant attendue.

Devenir mamans

Après de nombreuses années en amoureuses dans un appartement, Lucie et Cassandra ont voulu déménager et s’acheter une première maison. « Et tout est arrivé en même temps. On a trouvé une maison. Cassandra s’est acheté une nouvelle voiture, mais surtout, j’ai eu 30 ans. Et je désirais, depuis toujours, avoir un enfant. Cassandra ne voulait pas nécessairement. Mais à mon anniversaire, elle a organisé une chasse au trésor au bout de laquelle, elle m’a laissé savoir qu’elle acceptait que nous devenions maman. Elle donnait le go. On a amorcé le processus », raconte Lucie Gascon. Elles joignent donc OVO, avec qui elles font affaires pour se procurer trois fioles d’un donneur de sperme. « Nous voulions un donneur ouvert pour faire en sorte que si notre enfant désire connaître son père un jour, il puisse le faire. À 18 ans il pourrait demander », disent-elles. Ainsi, le donneur est américain, ou il a donné aux États-Unis. Une fois les fioles en main, elles sont suivies à l’hôpital. « J’ai dû perdre du poids. J’étais suivie par une nutritionniste. Et par de nombreux spécialistes. Ça a pris plus d’un an avant que nous puissions procéder à l’insémination artificielle. Les deux premiers essais n’ont pas fonctionné. Il nous restait donc une chance et cette fois a été la bonne », conte avec fierté Lucie, tenant Lucas Pelletier-Gascon dans ses bras. Le petit garçon est né le 20 janvier. En pleine forme. Il pesait neuf livres et deux onces à sa naissance à l’hôpital de Valleyfield. Et il fait la fierté de ses deux mamans. D’un amour pansexuel est né un nouvel amour encore plus grand. Joyeuse Saint-Valentin à cette famille qui sort un peu de l’ordinaire, mais qui est surtout extraordinaire.