Opinion
Chronique

Tolérance zéro pour le profilage racial, tranche la cour

le samedi 12 novembre 2022
Modifié à 16 h 01 min le 09 novembre 2022
Par Claude Poirier

redactiongm@gravitemedia.com

Claude Poirier (Photo gracieuseté)

Le 25 octobre, un juge de la Cour supérieure du Québec a ordonné que les policiers cessent d’intercepter des automobilistes sans motif valable et a dénoncé le profilage racial dont certains ont été victimes. Cette décision ne fait évidemment pas l’affaire de tous les corps policiers.

Est-ce que le profilage racial existe? Oui. Au début de ma carrière, combien de policiers ai-je vu poser des gestes inacceptables en matière de profilage racial? Des études ont également démontré que les membres de la communauté noire, notamment, étaient souvent visés par des opérations policières ou des arrestations musclées qui ne débouchaient sur aucune suite. Je connais personnellement certains hommes d’affaires de race noire qui ont été victimes de profilage racial parce qu’ils conduisaient des voitures de luxe dont ils étaient pourtant les propriétaires. Rappelons-nous aussi qu’un enseignant noir a eu gain de cause en juillet contre le Service de police de la ville de Repentigny parce qu’il avait vécu cette situation.

Mon expérience me permet d’avancer que la plupart des policiers ne sont pas racistes. Il est vrai cependant que certains ne tolèrent pas les groupes ethniques. À mon avis, le problème doit être réglé à la base, c’est-à-dire à l’École nationale de police du Québec à Nicolet pour poser des conditions claires parmi les nouveaux étudiants et nouvelles étudiantes. J’ai été appelé à plusieurs reprises à participer à des causeries à l’École de police durant ma carrière et ce qui m’avait frappé, c’est qu’on ne voyait jamais d’étudiants issus de la minorité visible. C’est moins le cas aujourd’hui.

La mairesse de Montréal Valérie Plante a salué le jugement, tandis que le cofondateur du Centre de recherche-action sur les relations raciales (CRARR), Fo Niemi, a imploré François Legault de ne pas porter en appel la décision du juge Michel Yergeau. C’est important, car on ne s’adresse pas au ministre de la Justice, mais bien au premier ministre du Québec.

Je pense que M. Legault n’a pas le choix d’accueillir ce jugement, même si certains corps policiers vont faire valoir qu’il s’agit d’un moyen d’enquêter. Ils ont assez d’effectifs pour enquêter correctement sans avoir à arrêter des gens au hasard en raison de la couleur de leur peau.

Peut-être que certains lecteurs vont faire remarquer que des personnes racisées participent aux fusillades à Montréal, mais je leur réponds que ce n’est pas seulement eux.

La Couronne a 30 jours pour porter la cause en appel, mais si elle le fait, elle fera face à une levée de boucliers.

10-4!

(Propos recueillis par Gravité Média)