Opinion

Sur le fil

le samedi 20 mars 2021
Modifié à 17 h 50 min le 20 mars 2021
Par Eric Tremblay

etremblay@gravitemedia.com

Le temps file et les aiguilles tricotent. Le jeu de mots n’est pas de moi mais de RBO. Il m’a toujours fait sourire. Aussi innocente soit-elle, la suite des mots est logique à mes oreilles. Vous vous rappelez il y a un an, la folie du papier de toilette ? Les bagarres pour la dernière bouteille de Purell ? On nous a mis en pause deux semaines. Puis on n’a pas pu se réunir pour Pâques. Et vous connaissez la suite. Les aiguilles ont tricoté. En télétravail depuis longtemps, j’observe un écureuil. Il fait des aller-retours chaque jour sur son fil d’Hydro. L’air de rien avec parfois une cacahuète entre ses dents. Qui doit se dire : «Où est-ce que tout le monde est passé ?» Chaque matin, je lève les yeux du clavier et je le vois filer. Il prend de la vitesse tandis que pour moi, le temps s’arrête. Et je me dis chaque fois : «Bordel, ça fait déjà un an!» Des vies chamboulées. Nos habitudes modifiées. Sûrement de façon permanente. Certaines mesures s’installent dans le temps. Un temps qui file et qui ne s’arrête pas. L’histoire se vit, se subit et s’écrit. Peut-être qu’un jour, une fois qu’une aiguille qui n’aura pas tricoté mais transmis le vaccin, on regardera ce moment d’un autre œil. Un regard qui se demandera si on a bien fait, ce qu’on a fait de mal ou ce qu’on aurait pu faire de différent. Un moment qui filera à son tour. Et on avancera vers le prochain défi. Les petites épreuves du quotidien qui nous font avancer. Comme l’écureuil sur son fil. Le petit rongeur qui me sort du train-train quotidien chaque matin. L’air de rien. Qui ne cherche qu’un endroit pour manger son arachide. Tranquille. Sans souci. Il laisse filer le temps. L’instant d’un moment. D’une réflexion courte qui se tricote entre ses deux oreilles.