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VIDÉO - S’approprier des mots pour en faire ses mots

le mercredi 13 octobre 2021
Modifié à 8 h 23 min le 13 octobre 2021
Par Yanick Michaud

ymichaud@gravitemedia.com

Un brin de folie, beaucoup de culture, une touche de plaisir et un élan de créativité accompagnent Mathieu et ses milliers de magazines et revues qui recèlent des millions de mots. Des mots à l’infini. (Photo : Journal Saint-François – Denis Germain)

Amorcé d’abord comme un jeu qui lui permettait de rassembler des bouts de papier, de la colle en bâton et surtout des mots, la passion littéraire de Mathieu Dubé a mené au lancement de son livre Morceaux de Mémoire chez Sémaphore.

« Il y avait un exercice à faire au cégep. J’étais devant une page blanche et chaque fois que j’utilisais mes mots, je me disais que dans le temps, dans l’histoire, cette phrase avait sûrement déjà été écrite. Alors avec des petits bouts de papier, des bouts de journaux, de magazines, de revues, j’ai fait ça pour le plaisir. Ça a mené à une inusité graphique. J’ai peaufiné le style et une dimension graphique s’est ajoutée », indique le poète-collagiste.

Il indique que selon lui, le livre mis en marché dans les derniers jours est unique. Au monde. « Dans ce format, à ma connaissance, il n’y en a pas au Québec, ni au Canada, ni sur la planète », lance en riant cet artiste féru de culture.

Un coup de foudre

Pour Lise Demers, éditrice chez Sémaphore, ça a été un coup de foudre instantané. « Je ne suis pas à l’aise avec les médias sociaux. Mais quand une collègue m’a mise en lien avec l’Instagram de Mathieu ça a été formidable. Il représente la fusion entre l’être et le paraître. L’adéquation entre la couleur et le mot choisi. Sa typographie donne un nouveau sens à la parole », prétend celle qui insiste pour dire que l’œuvre de Mathieu Dubé est un rappel de sa jeunesse.

Pour le principal intéressé pourtant, le projet de livre a dormi longtemps sur les tablettes. À proximité de ses milliers de magazines, de revues qui jonchent sa maison et son atelier. « Le projet est né il y a 20 ans. Mais il est mort 150 fois entre-temps. Pourtant, aujourd’hui, je suis très fier du résultat. De l’avoir en main », explique le Campivallensien.

Ses jeux de mots créés par la magie du coupé-copié-collé manuel sont devenus des textes en vers et des œuvres picturales. D’abord sur format papier et tableaux accrochés aux murs, de voir ses collages, ce mélange graphique sur papier glacé lui fait quelque chose. « Je cherchais des galeries pour exposer. Dans les foires, les symposiums. Le livre sera un bel outil pour faire connaître mon travail. Il offre cette crédibilité », croit Mathieu Dubé.

Génial, cultivé, allumé, dans son atelier, Mathieu Dubé s’amuse à jouer avec les mots, ceux des autres, qui deviennent les siens.  (Photo : Journal Saint-François – Denis Germain)

Démocratiser la poésie

Étudiant en littérature, il a lu les plus grands. À son tour, il veut offrir un accès aux lecteurs. Pour rendre la poésie accessible. « Une porte d’entrée aux gens qui peuvent y voir des références. Apprendre à apprécier autre chose. Même si tu n’aimes pas la poésie, tu peux y trouver ton compte. C’est le défi que je me donne », explique celui qui idéalement part des mots qui lui amènent des souvenirs, des odeurs. « Avec d’autres mots, je fais de quoi qui m’appartient », conclut celui qui, muni de son x-acto, de son bâton de colle et de beaucoup de patience, crée la beauté des mots. « Du bricolage, de la patience, du gossage, c’est l’essence de l’affaire. »

Mathieu Dubé pose fièrement en compagnie de ses deux filles et de sa conjointe Anne Quach, lors du lancement de son livre Morceaux de Mémoire à la Factrie de Valleyfield le 3 octobre. (Photo : Journal Saint-François – Yanick Michaud)