Opinion

Ruse olympique

le mardi 02 août 2016
Modifié à 0 h 00 min le 02 août 2016
Par Eric Tremblay

etremblay@gravitemedia.com

«Plus vite, plus haut, plus fort», disait Pierre de Coubertin. Plus dopé aurais-je malheureusement envie d'ajouter.

À l'époque, les athlètes suaient leur vie au gymnase afin de de remplir la devise olympique. Mais les médailles ne semblent plus se gagner en gymnase, mais en laboratoire. Avec une seringue dans le bras. C'est triste de penser ainsi.

On m'accusera, moi et les autres qui partagent cette opinion, de mettre tous les athlètes dans le même panier. Culpabiliser par association. Façon facile de fermer les yeux sur le phénomène ou tout simplement écoeurement total ? Peut-être un peu des deux.

J'aime être émerveillé par la domination qui frise l'arrogance d'Usain Bolt. La force de la nature qu'est Michael Phelps. La détermination de Missy Franklin. Mais la multiplication des scandales soulève des soupçons.

Mes plus vieux souvenirs olympiques sont ceux de Séoul. Tout petit j'avais suivi ces Jeux en 1988. Au 100 m, Ben Johnson. 9,79* à la ligne d'arrivée. De la gloire à la disgrâce. On a découvert plus tard que six des huit finalistes à l'épreuve reine des Jeux ont été convaincus au cours de leur carrière de dopage. Le gagnant a été le héros américain Carl Lewis. Encore là, des doutes subsistent quant à la légitimité de ce titre.

Vous vous rappelez Astérix et les Jeux olympiques ? Même chose. Le Gaulois teigneux ne goûte pas à la fameuse potion magique de Panoramix contrairement aux Romains. Le druide arbitre constate la supercherie et Astérix remporte la couronne de lauriers.

Les athlètes, des dieux du stade ? Des instruments politiques pour plusieurs nations, oui. Qui a dit que les JO étaient une compétition sportive. C'est un acte de gloire et de domination. Un jeu de Risk avec des athlètes qui tentent de conquérir le monde.

Une partie de moi résiste et se laisse émouvoir par les exploits sportifs. Le fondeur Guido Visser, 71e à l'épreuve du 10 km à Nagano résume avec lucidité son classement. «Je suis 71e au monde et aux Jeux olympiques», avait-il répondu. Le monde du sport manque de Guido Visser, cette race de gens qui sont là pour la bonne raison. Plus vite, plus haut, plus fort, pour le plaisir.