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Robert Théorêt: Le premier… et les autres

le vendredi 29 mars 2019
Modifié à 14 h 49 min le 29 mars 2019
Par Denis Bourbonnais

dbourbonnais@gravitemedia.com

BILLET.  Un vrai de vrai, un gagnant, un champion… Robert Théorêt a marqué le sport motonautique et les Régates de Valleyfield comme très peu de compétiteurs ont réussi à le faire. Ses exploits sur les flots, sa force de caractère, sa spontanéité et sa personnalité attachante l’ont propulsé vers les sommets de la discipline sportive la plus spectaculaire sur l’eau. Le pilote campivallensien et son mythique hydroplane, le «Grand Prix Valleyfield» GP-444, ont été idolâtrés par une ville entière, d’innombrables fans des régates motorisées. Sa soif de victoires et sa résilience l’ont conduit à quatre championnats des points de la classe Grand Prix, deux titres mondiaux et plusieurs records de vitesse. Ses multiples accomplissements et l’ensemble de son œuvre l’ont fait grandir au rang de première super-étoile des régates à Salaberry-de-Valleyfield. Lors d’une entrevue accordée au Journal, Robert Théorêt a prononcé une phrase qui représentait bien sa vision du sport : «En compétition, il y a le premier… et les autres.» L’implacable coureur acceptait difficilement la défaite et son ardent désir de vaincre a causé des malaises avec certains adversaires. Mais au-delà des rivalités, il a gagné le respect d’une majorité de pilotes qui lui ont livré des batailles sur les parcours motonautiques du continent nord-américain. Grand ambassadeur des régates, «Bob» Théorêt a notamment exhibé son charisme lors de sa conquête du Grand Prix de Valleyfield sur la baie Saint-François en 1985. «Le 444, c’est leur bateau à eux (les fans à Valleyfield). Mon équipe prépare tout et ma job est facile. Moi, je n’ai qu’à conduire», s’est-il exprimé sur le quai des champions. La réalité était tout autre car il avait dû braver des conditions abominables en raison de forts vents qui brassaient les vagues. Son fameux bateau de conception «Lauterbach» s’est soulevé maintes fois le long du boulevard du Havre, valsant d’un ponton à l’autre à la limite de l’adhérence, avant d’atteindre la ligne d’arrivée. La météo était tellement mauvaise que le reste du programme de la journée a été annulé. En 1987, Robert Théorêt a été victime du seul accident majeur de sa carrière à bord du «GP-444» aux Régates de Detroit. Quelques semaines plus tard, il a été éprouvé à nouveau lorsque  Frank Richardson a frôlé la mort devant ses yeux à Saint-Timothée lors d’une envolée à 360 degrés au volant du «GP-1988». Analyste au côté de l’auteur de ces lignes pour la description des courses, Robert n’a pu retenir ses larmes en craignant le pire pour son acolyte. Le scénario a été inversé l’année suivante au même endroit quand il a raflé son 4e et dernier championnat devant les îles à Saint-Timothée. A son dernier départ dans une finale de championnat, Théorêt a triomphé par un nez face à Jimmy King dans le «Orange Crush» lors d’une course électrisante comptant pour le titre. Exubérant à son arrivée sur la rive, le champion a exulté sa joie débordante en embrassant à répétition son embarcation, le «GP-1988». Robert Théorêt aura été le Gilles Villeneuve des Campivallensiens. Son nom restera lié à tout jamais au sport motonautique et aux Régates de Valleyfield. Les organisateurs de l’événement songent déjà à une forme de reconnaissance pour immortaliser les exploits de l’homme qui nous a quittés à l’âge de 76 ans, le 23 mars. La baie Saint-François qui serait rebaptisée le Circuit Robert-Théorêt, une statue à son effigie, un trophée remis annuellement au gagnant du Grand Prix de Valleyfield, la Tour des Régates… voilà autant de suggestions qui ont été proposées au cours des derniers jours. La confrérie des pilotes pourrait également rendre hommage au disparu en arborant le «444» sur leurs embarcations durant la prochaine saison. Robert Théorêt, l’idole d’une ville et d’un sport, restera toujours présent dans la mémoire des amants de régates et d’une communauté qui a été inspirée par sa passion pour les courses d’hydroplanes. [caption id="attachment_60955" align="alignnone" width="521"] Des suggestions ont été faites par nos lecteurs de renommer la baie Saint-François le Circuit Robert-Théorêt. (Photo: Pierre Langevin)[/caption]