Opinion

Que se passe-t-il avec la marina de Valleyfield?

Il y a 8 heures
Modifié à 15 h 09 min le 21 mai 2025

(Photo d'archives)

C’est une Campivalensienne qui m’a fait découvrir Valleyfield dans les années 70. Je suis tombé en amour avec la femme, la ville et le lac St-François. Je suis devenu membre de la marina dans les années 80.

Celle-ci était beaucoup plus modeste à l’époque. Elle venait d’augmenter la capacité d’accueil en rajoutant deux quais supplémentaires aux trois déjà existants. Le bureau, un vieux baraquement en bois, était situé à côté de la pompe à essence à l’entrée de la marina. Il n’y avait aucun bâtiment sur le terrain recouvert de poussière de roche et d’un vieil asphalte. Les toilettes et douches étaient logées dans le bâtiment municipal encore existant à l’ouest du bassin. 

La ville de Valleyfield avait confié la gestion de la marina a un groupe de bénévoles. Elle devint un organisme à but non-lucratif (OBNL) en 1987 sous le nom de marina Campi. La marina de Valleyfield accueille les Campivalensiens et les non-résidents qui paient un tarif supérieur lors de l’achat de la carte de membre.

Ce sont les membres et les conseils d’administration bénévoles qui ont fait ce que la marina est devenue aujourd’hui, l’une des plus grandes marinas du Québec avec douze quais, un bâtiment pour l’administration et un autre grand bâtiment pour les membres avec douches, salle de réception et piscine. Il est important de mentionner que ni les citoyens de Valleyfield, ni la municipalité n’ont eu à débourser quoi que ce soit pour la marina. Ce sont les membres qui ont entièrement financé celle-ci et qui en ont fait une marina digne de réputation.

Nous avions un bail emphytéotique d’une durée limitée avec la ville de Valleyfield. Nous savions que ce bail prendrait fin au début des années 2020. Il était aussi mentionné dans ce document que la ville pourrait reprendre tous les actifs de la marina ainsi que sa gestion. C’est ce qui a été fait. Nous connaissions tous cette échéance et nous nous attendions à quelques modifications, mais pas à tout ce qui suivrait.

La municipalité a modifié l’orientation et les objectifs de l’organisme. Elle a aussi augmenté les tarifs très sérieusement, nous sommes désormais la marina la plus chère du Québec. Le service du développement économique de Valleyfield considère que la marina ne remplit pas assez d’objectifs rentables pour la municipalité. Il semble que le seul moyen que l’on ait trouvé fût d’augmenter très substantiellement les tarifs des membres. Ce même service nous avait écrit, au mois de novembre 2024, que nous allions conserver le tarif existant au pied linéaire pour l’année 2025. Mais surprise, les membres venant de l’extérieur de Valleyfield doivent dorénavant payer une cotisation annuelle supplémentaire de 375.00$. Il faut savoir qu’ils ont déjà payé une carte de membre aux environs de 1500$ lorsqu’ils ont été acceptés dans la marina comme membres extérieurs. 

On a aussi retiré à tous les membres, qu’ils soient de Valleyfield ou de l’extérieur, les services que nous avions auparavant. Si nous résumons la situation il en coûte approximativement 30% de plus pour avoir un bateau de trente pieds à Valleyfield durant la saison estivale. Cela ne comprend pas l’entreposage d’hiver, ni les frais de grues ou camions pour la mise à l’eau et la sortie de l’eau. La marina de Valleyfield possède désormais les tarifs les plus chers au Québec, plus cher qu’à Montréal ou l’équivalent du Vieux port de Québec sans en avoir les attraits. 

Cette situation a des répercussions sur de nombreux membres qui ne se sentent plus très bien accueillis à Valleyfield et veulent quitter la marina ou vendre leur bateau. Ce n’est réellement pas une bonne décision à l’aube des bouleversements économiques causés par un certain voisin.  

Quel est l’objectif précis de la municipalité ? 

Faire plus d’espace pour accueillir de plus gros bateaux ? Ce ne serait pas plus rentable qu’actuellement à moins que l’on ait comme objectif de vendre plus de carburant. Le taux de fréquentation des plus grandes unités (20 m et +) est très limité à Valleyfield. Les bateaux passent, mais ne s’arrêtent pas. 

Offrir plus d’espace d’accueil dans la saison estivale ? La marina en offre déjà avec les places laissées disponibles par les membres durant leur séjour à l’extérieur. Je n’ai jamais constaté que nous manquions d’espace pour les bateaux de passage. 

Une chose est certaine. Ce n’est pas en augmentant les tarifs des membres de la marina que l’on va développer l’offre touristique. Il faut plutôt regarder du côté de l’expérience que l’on pourra faire vivre aux visiteurs.

À l’exception de quelques événements, la clientèle extérieure se déplace peu à Valleyfield en grande partie parce qu’il manque d’offre touristique. La région détient un potentiel d’attrait évident. De plus, Valleyfield possède deux atouts majeurs. Elle peut développer une offre commune pour le tourisme terrestre et le tourisme nautique avec une baie magnifique. Le tourisme nautique est en pleine expansion partout sur la planète. Il déplace de grandes quantités de visiteurs et génère des revenus importants. 

Pascal Jamet