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Santé
COVID-19

Fondation : quand la pandémie menace la survie des organismes

le jeudi 02 juillet 2020
Modifié à 11 h 22 min le 02 juillet 2020
Par Yanick Michaud

ymichaud@gravitemedia.com

La directrice générale de la Fondation de l’Hôpital du Suroît, Michèle Cyr-Lemieux s’est questionnée sur le nouveau visage de la philanthropie au Québec. Elle fait le point sur ce que ça comporte pour la Fondation de l’Hôpital du Suroît aujourd’hui et demain. « Voilà plus de trois mois que le Québec s’est mis en « pause » afin de maximiser l’efficacité de sa réponse face à la pandémie de COVID-19. Elle est venue chambouler notre quotidien. Pour nous à la Fondation de l’Hôpital du Suroît, à l’instar de beaucoup d’autres acteurs du milieu, les dernières semaines se sont plutôt avérées être un moment de réorganisation que de « pause », explique-t-elle. Le COVID-19 n’est certainement pas la première crise sanitaire à frapper la population. C’est d’ailleurs en réponse à des situations semblables qu’une certaine philanthropie s’est développée à travers l’apparition d’initiatives. « Telles que l’organisation citoyenne en réseaux d'entraide et les campagnes de dons populaires. Des dizaines d’organismes de la région dépendent de la générosité des gens pour mener à bien leurs activités, voir pour survivre. Il est facile de constater que la majorité d’entre eux vivront difficilement le ralentissement économique lié à la crise », poursuit Michèle Cyr-Lemieux. « Dès les premiers moments de la pandémie du coronavirus, notre équipe s’est posé une question sérieuse. Pouvons-nous appuyer efficacement et pertinemment la population du Suroît en ces temps incertains ? »

Fortement engagés dans la communauté

Depuis 30 ans, la Fondation de l’Hôpital du Suroît s’active à maintenir et à améliorer les soins de santé dans la région du Suroît. En rendant accessible des équipements à la fine pointe de la technologie permettant à nos professionnels de la santé de sauver un nombre croissant de vies. Mais également à faire de la Montérégie-Ouest, un lieu où les services en santé sont exceptionnels, contribuant ainsi à l’essor de la région. « Plus que jamais, nous sentions que nous avions un rôle à jouer au sein de notre communauté, mais qu’il faudrait s’adapter aux nouveaux défis, et surtout adapter notre mode d’intervention », lance la directrice générale. Traditionnellement, la vocation d’une fondation repose majoritairement sur la sollicitation et la collecte de fonds. L’événement caritatif se retrouve souvent au cœur de la stratégie de collecte de fonds des organisations. « Et notre Fondation ne fait pas exception. À l’aube d’une saison chargée en nouveautés, nous avons dû faire le deuil de plusieurs projets qui nous tenaient à cœur afin de prioriser la santé publique et respecter les mesures de confinement. La COVID-19 aura eu raison de la première édition de notre tant attendue soirée Speakeasy, notre 10e édition du Défi Vélo et l’annuelle soirée Black Tie, pour n’en nommer que quelques-uns – mais pas de notre volonté de poursuivre notre mission. Atteindre notre but sans nos moyens habituels s’annonçait toutefois colossal. Alors que le contexte socio-économique en prend un coup, comment s’assurer de répondre à l’augmentation et la diversification des besoins ? », se questionne la jeune femme.

Modifier les manières de faire

« C’est précisément la pluralité de ces nouveaux besoins qui nous aura permis de marquer un tournant important dans notre conception de l’acte philanthropique et élargir la définition du don. Par exemple, depuis quelques semaines, nous avons lancé un appel aux entreprises locales afin de pallier le manque de matériel de protection pour le personnel hospitalier. La générosité de celles-ci nous aura permis d’assurer la distribution de plus de 25 000 masques chirurgicaux, 2840 masques N95 et 4000 gants de latex, essentiels pour assurer la protection des travailleurs de première ligne », énumère-t-elle. Finalement, cette pandémie marquera aussi l’apparition de changements significatifs au cœur des communautés. Partout à travers le monde, on constate une augmentation impressionnante des gestes de solidarité et d’organisation citoyenne. « Le maintien des services de base et l’accès de ceux-ci pour les populations les plus vulnérables reposent désormais sur la solidarité de quartier. On peut penser par exemple aux gens à risque de contracter la maladie, comme les aînés, qui dépendent désormais de leurs voisins pour recevoir leur épicerie. Plus que jamais, nous prenons conscience de l’importance de la société civile dans l’action philanthropique », conclut Michèle Cyr-Lemieux.