Sports

Pascal Hervé sans tabou

le jeudi 06 avril 2017
Modifié à 0 h 00 min le 06 avril 2017
Par Eric Tremblay

etremblay@gravitemedia.com

Six fois participants au Tour de France, Pascal Hervé est venu parler de sa passion du cyclisme à l’école Baie-Saint-François. Cycliste lors des années où les scandales de dopage ont éclos, il n’a évité aucune question.

«J’ai commencé le vélo à 24 ans alors que j’étais joueur de soccer et que j’avais subi une entorse au genou, a-t-il confié. Le <@Ri>kiné<@$p> m’a dit de faire du vélo et j’y ai pris goût. Ma première course, j’ai fini dans le fossé à vomir mes boyaux. Mais j’ai persévéré et je suis passé pro à 29 ans. »

Désormais directeur sportif de l’équipe Garneau\Québécor et résident du Québec depuis quatre ans, M. Hervé répondait aux questions de son ami et triathlète Jean-François Dionne à l’auditorium Robert Brain. La discussion servait à amasser des fonds pour trois étudiants de l’école Baie-Saint-François, Vincent Galarneau, Laurent Tessier et Gabriel Leduc, qui participeront à la Grande Traversée en juin prochain.

La foule qui comprenait de nombreux amateurs et initiés aux tours cyclistes ont pu en apprendre davantage sur la technologie, les budgets, l’entraînements, la nutrition et le dopage.

Pascal Hervé sur…

… le dopage

En 1998, le scandale Festina éclate. Bien que les soupçons de dopage aient toujours existé avant, il s’agit d’un moment important. «Avec l’âge, je vois ça comme un mal pour un bien, avoue-t-il. On a pris conscience que le milieu cycliste prenait une mauvaise direction et accordait trop d’importance au milieu médical. »

Il explique qu’à l’époque, beaucoup de cyclistes provenaient de milieu modeste. Iles étaient donc peut-être plus manipulables. «L’EPO était fait pour soigner les gens qui ont un cancer, quelque chose comme ça, présente-t-il. Le premier qui a pensé que ce serait bon pour un cycliste, c’est un médecin. Il y en a qui ont contourné leur profession. »

Les drogues de performance sont sorties de l’ombre. Mais pour le cycliste : « si tu penses rester dans le canapé à regarder la télé en mangeant des chips et en te disant que les médicaments te feront gagner des courses, tu te trompes. »

…Lance Armstrong

Pascal Hervé a côtoyé Lance Armstrong, peut-être le plus connu des cyclistes autant pour des bonnes que des mauvaises raisons, au point où l’Américain lui avait demandé d’être son coéquipier. «Je l’ai battu sur une étape de montagne du Tour Dupont. C’était un gagneur. Sur le podium, il ne m’a pas parlé. Il aurait pu me mordre. »

Malgré tout, pour lui, Armstrong demeure un bon gars. S’il a refusé de se joindre à son équipe, c’est que M. Hervé n’en a pas senti le besoin. «J’aurais peut-être été plus riche. »

…la nouvelle génération

Avec l’équipe Festina, l’une des favorites du Tour en 1997-98, Hervé jouait le rôle de capitaine de route. «J’assurais la cohésion, explique-t-il. J’étais celui qui s’assurait de faire prendre la mayonnaise. Parce que le vélo est un sport d’équipe. » Chaque membre pouvait toutefois viser des victoires. Désormais, il voit les différents équipiers camper des rôles précis. «On fait abstraction de ses ambitions personnelles au profit du leader de l’équipe», explique-t-il.

…l’entraînement

À son époque, les cyclistes étaient en compétition entre 90 et 100 jours par année. Avec l’entraînement, on évaluait entre 35 000 et 40 000 km sur route par année. Aujourd’hui, on a diminué le volume et priorise la qualité.

Dans une compétition comme le Tour de France, 21 jours sur route et des milliers de kilomètres, le repos joue un rôle essentiel. «À mon premier Tour, je me souviens que notre vieux directeur cycliste, un espagnol, m’a dit que si je me couchais 30 minutes plus tôt que tout le monde chaque soir, je gagnais 24 heures de sommeil. »

Il conseille aux jeunes de d’abord avoir du plaisir. «Laissez les gamins s’amuser, annonce-t-il. Le vélo c’est d’abord un jeu. J’ai 53 ans et je m’amuse encore. »

… le casque

Le casque protecteur est devenu obligatoire, sur tous les tours, une fois que M. Hervé avait accroché son guidon. «Pour la sécurité, c’est génial, indique-t-il. Mais je trouve que ça a enlevé un charme. Les amateurs pouvaient facilement reconnaître les cyclistes. »

À 90 ou 100 km\h dans le peloton, il dit n’avoir jamais eu peur. «La route est à toi et tu te fais plaisir. On n’avait pas de crainte de croiser une auto ou d’entrer en collision avec les gens en bordure de la piste. »

…les poils

Le cycliste a accepté de lever le voile sur les raisons qui poussent les professionnels à se raser les jambes. «D’abord si on chute, c’est plus facile pour la guérison, a-t-il évoqué. Puis, les cyclistes se font masser à la fin des courses. Les jambes poilues, ça irrite les mains des thérapeutes. »

Sportifs à l’aventure

Inspirés par le passage de la Grande Traversée dans la région l’an dernier, trois étudiants de l’école Baie-Saint-François participeront à l’aventure cette année. Du 6 au 10 juin, Vincent Galarneau, Laurent Tessier et Gabriel Leduc rouleront trois étapes entre Sherbrooke et Québec.

«Je suis un sportif et je me suis dit que ce serait un défi à relever dans un sport que je n’ai jamais pratiqué», a expliqué Gabriel Leduc.

Le défi est grand avec trois étapes, soit Sherbrooke-Victoriaville (111 km), Victoriaville-Trois-Rivières (107 km) et Trois-Rivières-Québec (147 km).

«Je voulais faire de longue distance en vélo de route, a indiqué Vincent Galarneau. Ça va être un challenge sur trois jours. »

Pour Laurent Tessier, c’est aussi l’ampleur de l’aventure qui l’a motivé. «Je trouvais que 300 km à vélo en trois jours, c’était un bon défi, a-t-il résumé. Ça avait l’air le fun alors je me suis inscrits avec mes amis. »