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Nouvelles révélations sur le naufrage de la frégate NCSM Valleyfield

le vendredi 19 avril 2024
Modifié à 16 h 35 min le 19 avril 2024
Par Mario Pitre

mpitre@gravitemedia.com

Pierre Lefebvre amis à jour de nouvelles informations inédites en lien avec le naufrage de la frégate NCSM Valleyfield. (Photo Journal Saint-François – Mario Pitre)

Plusieurs informations laissent croire que le torpillage de la frégate NCSM Valleyfield K-329 par un U-boat allemand dans la nuit du 7 mai 1944 avait un objectif bien précis, alors que le navire transportait un appareil de décryptage ultra-secret. 

C’est ce que tendent à démontrer les recherches effectuées par le Campivallensien Pierre Lefebvre, qui se consacre depuis une trentaine d’années à des recherches entourant cet événement. 

Vice-président de la Société d’histoire et de généalogie de Salaberry, M. Lefebvre a livré une conférence fort étoffée à ce sujet le 15 avril, en marge du 80e anniversaire de ce tragique épisode de la Bataille de l’Atlantique.

Cette nuit-là, la frégate Valleyfield naviguait au sud de Terre-Neuve, soit à 50 milles au large de Cape Race, au sein d’un groupe d'escorte anti sous-marins composé de quatre corvettes de guerre.

(Photo d'archives)

Le groupe se dirigeait vers St. John's lorsque l’U-548 allemand a lancé deux torpilles sur la Valleyfield. Une des torpilles a frappé la chaufferie bâbord du navire et l’a littéralement coupé en deux. La frégate a coulé en moins de quatre minutes, entraînant dans la mort 125 membres d’équipage, ne laissant que 38 survivants.

Décodeur ultra-secret à bord

À la lumière de documents qui ont été déclassifiés depuis quelques années, la frégate Valleyfield avait à son bord un appareil appelé Crypto Décodeuse Combinée, une machine inventée et installée vers 1944 sur certains navires de guerre des alliés. Un appareil qui s’inscrivait en riposte au dispositif Enigma développé par les Alllemands.

Un exemple d’appareil de décodage développé à la fin de la 2e Guerre mondiale. (Photo gracieuseté)

Selon M. Lefebvre, elle servait aux alliées à envoyer des messages sécurisés tout au long de la guerre. « L’appareil était tellement secret que son brevet ne fut approuvé, et donc divulgué, qu’en 2001 », mentionne-t-il.

Celui-ci soulève également divers éléments qui laissent croire que c’est la présence de cet appareil qui a incité les Allemands à vise précisément la Valleyfield.

D’une part, la présence à bord de six membres de la Marine Royale Britannique, puis le fait qu’elle naviguait sous escorte bien armée, mais aussi que le convoi avait été initié alors qu’il y avait une importante présence de glaces et surtout, de sous-marins allemands.

«A la lumière des informations que nous avons, nous pouvons déduire qu’il y avait urgence de rentrer à bon port le plus rapidement possible, et ce, malgré les dangers en présence», note Pierre Lefebvre.

30 années de recherche

Pierre Lefebvre s’intéresse depuis une trentaine d’années au dossier de la frégate Valleyfield K-329 et a cumulé des tonnes d’informations sur le sujet, qui auraient le potentiel pour faire l’objet d’un livre, d’une exposition, voire d’un film.

C’est à son initiative qu’a eu lieu en 2000 une réunion des survivants de ce naufrage et du U-boat allemand qui l’avait provoqué. M. Lefebvre est aussi derrière le monument commémoratif aménagé dans le parc Delpha-Sauvé.

Il possède de nombreux documents et artéfacts en lien avec la frégate Valleyfield et de ses membres d’équipage, dont le Campivallensien Blair Menzies; un nom que M. Lefebvre aimerait voir le nom accolé au pont pivotant du vieux canal, puisque son père était un maître-éclusier du vieux canal.

La frégate NCSM Valleyfield K-329
-Construite à Québec en 1942 
-Lancée en juillet 1943
-Torpillée dans la nuit du 6 au 7 mai 1944
-Parrainée par la Ville de Salaberry-de-Valleyfield
-Nom de code : Charlie-Golf-Xray-November