Faits divers

La mère de la fillette de LaSalle non criminellement responsable

Il y a 2 heures
Modifié à 17 h 41 min le 15 septembre 2025
Par Eric Tremblay

etremblay@gravitemedia.com

Me Lili Prévost-Gravel. (Photo Journal Saint-François : Eric Tremblay)

La mère qui a abandonné sa fillette dans un fossé à Saint-Albert en Ontario a reçu un jugement de non-responsabilité criminelle lundi, au palais de justice de Valleyfield.

Le juge Bertrand St-Arnault a accepté le constat de l’évaluation réalisée par la psychiatre Dre Marie-Michèle Boulanger.

«Quiconque prend connaissance de toute la preuve dans cette affaire et du rapport très exhaustif de la Dre Boulanger ne peut qu’être convaincu qu’il s’agit du bon verdict à rendre», a-t-il indiqué dans la salle de cour.

L’experte de l’Institut Pinel en est venue à la conclusion que la mère avait éprouvé un épisode de manie mixte avec symptômes psychotiques récents, dans le contexte d’un trouble schizo-affectif.

Le dossier criminel de la dame qui était accusée d’abandon d’enfant et de négligence criminelle causant des lésions est donc terminé.

«On a pris connaissance du rapport qui avait été ordonné par la cour et rédigé par la Dre Boulanger et on était en accord avec la conclusion, a indiqué Me Lili Prévost-Gravel. Pour que ce soit admis en preuve, il faut que ce soit au moment des faits qu’elle était sous cette maladie mentale et que ça a influencé le fait qu’elle ne pouvait distinguer le bien du mal.»

«La défense tient à saluer la décision du juge de conclure à la défense de trouble mentaux, a pour sa part mentionné Me Justin Chenel en défense. Nous croyons que c’était la défense à prendre aujourd’hui.»

Il reste à déterminer maintenant où elle poursuivra sa réhabilitation. La décision remise demain (mardi) sera soumise à la commission d’examen des troubles mentaux. (voir autre texte).

Des blessures

Rappelons que la fillette, qui était sous la garde de sa mère qui réside à LaSalle, a été laissée dans un endroit qualifié d’hostile le 15 juin.

Trois jours plus tard, les policiers l’ont localisée à l’aide d’un drone thermique.

La fillette affichait des piqûres et des égratignures, ainsi que des plaies, possiblement engendrées par le sumac vénéneux, à ses jambes. Une déshydratation sévère a également été constatée. Celle qui était en couche a aussi subi des lésions à la vulve, ce qui a nécessité une chirurgie sous sédation. La fillette de 3 ans a été hospitalisée durant quatre jours.

«Son père ne peut pas la laisser seule; elle vit dans la crainte d’être abandonnée, a laissé savoir l’avocate de la Couronne. Si bien que son père n’est plus en mesure de travailler.»

48 pages d’évaluation

La Dre Marie-Michèle Boulanger a eu accès à plus de 20 heures d’interrogatoire de police, au contenus Tik Tok de l’accusée qui compte 248 vidéos et à des rencontres pour déterminer son analyse.

Le fil des événements a aussi permis d’établir que l’état mental de l’accusée s’était détérioré au cours des six derniers mois.

Une relation, surtout physique, avec un collègue de travail, l’avait entraînée dans une spirale. Elle a évoqué ce qui semble un monde parallèle, comme celui représenté dans le film La Matrice. Selon elle, les francs-maçons auraient aussi tenté de prendre le contrôle de la fillette.

Si bien que le 15 juin au matin, en l’espace de quelques heures, des textos et courriels troublants ont été envoyés. Elle a aussi vu quelque chose dans les yeux de sa fille, puis le mot «danger» apparaître à son cellulaire. Ce qui l’a fait réagir impulsivement pour quitter précipitamment la maison avec sa fille. Le chien représentait quant à lui un guide spirituel. Elle a laissé son téléphone derrière elle pour ne pas être traquée.

La fermière en Ontario n’a pas décelé d’agressivité chez la mère de la fillette plus tard en après-midi. Elle a offert de garder la fillette, le temps que la femme règle la situation avec un conjoint ou un ex, selon sa compréhension.

Finalement, les interrogatoires de police et l’aide de la fermière ont permis de retracer la gamine vivante.

Me Justin Chenel. (Photo Journal Saint-François : Eric Tremblay)