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Lincoln Navigator 2018 : y en a pas de limites!

le mercredi 24 janvier 2018
Modifié à 18 h 46 min le 24 janvier 2018
Le Guide de l'Auto
Article par William Clavey

WHISTLER (Colombie-Britannique) – Il existe plusieurs types de véhicules pour différents types de besoins. Si l’on recherche le prestige et le confort, on s’achète une berline de luxe. Si c’est un engin de travail qu’il nous faut, on opte pour une camionnette. Mais que faire lorsque l’on ne veut pas s’imposer de limites? Comment fait-on pour combiner tous nos besoins en un seul véhicule? On s’achète un Lincoln Navigator 2018!

Quand ça ne brille pas assez
Le Navigator est un véhicule fascinant. Il est imposant, opulent, il brille… mais il est loin d’être abordable. Il fait partie de la classe exclusive des VUS de luxe pleine grandeur, un segment partagé avec entre autres le Cadillac Escalade et l’Infiniti QX80. De plus, avec l’existence du Ford Expedition, son cousin mécanique qui se vend à moindres coûts, on peut se questionner sur la raison d’être du Lincoln... Rapidement, comme ça, je pourrais résumer mon essai du mastodonte sur les magistrales routes de la Colombie-Britannique en une seule phrase : achetez-le seulement si vous en avez les moyens, mais sachez qu’il existe des solutions moins dispendieuses.

Effectivement, sur papier, il est difficile de décerner les différences entre le Lincoln et le Ford. Chacun utilise l’aluminium pour sa carrosserie. Chacun est monté sur la plate-forme d’une camionnette, et chacun utilise le même V6 biturbo de 3,5 litres. La capacité de remorquage, chose qui distingue ces VUS des Honda Pilot et Nissan Pathfinder de ce monde grâce à leur cadre en acier, demeure également identique à 8 300 lb (3 764 kg). Alors, pourquoi payer pas loin de 100 000 $ pour le Navigator?

La réponse est simple : plus. Plus de puissance, plus de confort, plus de luxe et plus d’insonorisation d’habitacle. Et ce « plus », il est gros, car on remarque les différences lorsqu’on le conduit. Le moteur, bien qu’identique à celui de son cousin, développe ici 450 chevaux et un couple imposant de 510 lb-pi, soit 50 chevaux et 30 lb-pi de plus que dans l’Expedition. Sa suspension vient de série avec les amortisseurs ajustables, chose qui n’est que de l’équipement optionnel du côté de Ford. Mais la grande différence, c’est son habitacle. Vous n’avez pas idée à quel point il est luxueux, ce camion. Comme on dit en bon québécois, il est tellement « baller ».

Un yacht sur roues
Les gens de Lincoln nous parlent d’une cabine largement inspirée des constructeurs de yacht et de jet privés. Le bois que l’on retrouve sur la console centrale vient d’une seule et unique coupe afin d’assurer une continuité dans les rainures! Certes, ce colosse est un véritable salon sur roues et ses sièges avec fonction de massage sauront vous détendre avant votre prochaine rencontre d’affaires.

Ça sent le cuir et le bois là-dedans. On remarque le chrome et les coutures dans le cuir sont très visibles. Plus important que ça, il n’y a absolument rien qui ressemble à un produit Ford. Même le système infodivertissement SYNC 3 reçoit une interface unique, et il est intégré dans une énorme tablette ACL fièrement ancrée sur le tableau de bord.

Mon modèle d’essai disposait de sièges capitaines pour la deuxième rangée, ajoutant une console centrale, permettant aux occupants arrière de contrôler volume et climatisation à leur guise. Ces mêmes passagers peuvent également se servir d’un écran pour brancher un appareil comme un ordinateur portable ou une console de jeu. Il y’a deux écrans ACL placés là spécialement pour ça.

Si c’est plus d’espace qu’il vous faut, Lincoln vous vendra une troisième place à zéro dollar. Avec un prix de détail si élevé, j’ose espérer que l’on a droit à un petit cadeau!

Sur la Sea to Sky Highway, route sinueuse qui longe l’océan Pacifique entre Vancouver et Whistler, le Navigator s’est montré étonnamment agile et silencieux, encore plus que son cousin. Certes, ce VUS est gros et lourd, malgré sa construction en aluminium (2 763 kg pour les versions à empattement long, 2 686 pour les versions courtes), mais sa suspension indépendante lui confère une tenue de route raffinée, permettant de mieux le contrôler dans les virages prononcés. Le V6 répond bien, demeure doux, tout en émettant une sonorité agréable, et la boîte automatique à dix rapports, venue directement de l’Expedition, n’a rien à se reprocher.

En fait, mon essai du Navigator confirme ma théorie : cette boîte répond mieux aux moteurs disposant d’un couple élevé. Dans la Mustang EcoBoost, elle cherchait constamment le bon rapport. Dans l’Expedition, c’était mieux, mais encore perfectible. Ici, elle est parfaite. Elle rétrograde dès qu’on lui demande de le faire, trouve le bon rapport, et le tient fermement en place. Avec un couple de 510 lb-pi, les rétrogradations sont moins nombreuses!

Le roi de la montagne
Somme toute, dans son segment plutôt exclusif, le Navigator se démarque comme étant le plus moderne et sophistiqué du peloton. Sa banquette arrière est la plus facile d’accès et la plus spacieuse, et son espace de chargement — accessible par des sièges qui s’inclinent de façon électronique — est immense : au total, 3 398 litres pour le Navigator L et 2 927 litres pour le Navigator standard. Avec autant de place, pas besoin d’une fourgonnette!

Pour conclure, le Lincoln Navigator 2018 est réussi, sans être parfait. Les gens de Lincoln se vantent que leur gros camion est muni des technologies d’aide à la conduite les plus récentes, mais celles-ci ne viennent pas de série. Pour un véhicule de ce prix, c’est rire des consommateurs! Une Kia à 25 000 $ les offre. Sa consommation d’essence, bien qu’améliorée par rapport à l’ancien V8, laisse à désirer. Nous avions de la difficulté à nous tenir sous la barre des 15 L/100 km. Et les écrans ACL montés sur les dossiers des sièges avant sont cool, par contre, ils ne sont pas amovibles et ne peuvent pas se ranger.

Alors voilà, le Navigator est un énorme monstre magistral et immensément confortable recouvert de bling-bling. Il peut sembler impertinent aux yeux des environnementalistes, mais pour ceux qui en ont besoin, il va se vendre, et il est sans doute le véhicule le plus lucratif produit par la Ford Motor Company. Désormais plus prestigieux que jamais, le chalet sur roues de Dearborn peut enfin dominer ses concurrents.