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L’ex-maire Stéphane Gendron au secours des agriculteurs

le lundi 23 mars 2020
Modifié à 11 h 14 min le 25 mars 2020
Par Denis Bourbonnais

dbourbonnais@gravitemedia.com

SOCIÉTÉ.  Bien avant la propagation de la COVID-19, Stéphane Gendron s’est penché sur une problématique qui touchent les producteurs agricoles du Québec. Devenu un producteur de chanvre médical à sa ferme de Dundee, l’ex-maire de Huntingdon a pris la route des campagnes et ses visites chez les agriculteurs lui ont permis de faire un triste constat : nos milieux agricoles sont frappés par une vague de détresse psychologique sans précédent. Les témoignages recueillis par l’animateur de radio ont fait l’objet d’un documentaire intitulé «La détresse au bout du rang». Cette émission d’une durée 45 minutes, réalisée par Eric Blouin et produite par «Picbois Production», sera diffusée à compter du vendredi 27 mars sur Crave. [caption id="attachment_79358" align="alignnone" width="444"] : L’ex-maire de Huntingdon, devenu un producteur de chanvre médical à sa ferme de Dundee, a constaté la détresse psychologique vécue par des agriculteurs lors de ses visites dans plusieurs régions du Québec.[/caption] Pendant une période de deux ans, Stéphane Gendron s’est rendu aux quatre coins de la province dans le but de faire découvrir les visages humains derrière cette tragédie silencieuse. «L’objectif visé par le documentaire est de révéler au public le mal à l’âme qui sévit chez nos agriculteurs. Il est important de provoquer un débat social et politique sur le sujet», décrit Stéphane Gendron, en entrevue téléphonique au «Journal Saint-François». Les rencontres avec une demi-douzaine d’agriculteurs montrent la fragilité des petits producteurs, rendus à bout de souffle et fréquemment au bord des larmes. «Nous sommes environ 50 000 à vivre de l'agriculture au Québec et chaque jour, deux à trois entreprises agricoles cessent leurs opérations. Le démantèlement de la ferme familiale constitue souvent le deuil d’une vie», affirme l’homme de 52 ans, qui a quitté le monde des médias l’année dernière après avoir animé de nombreuses émissions à la radio. Une étude effectuée en 2006 a établi que le taux de suicide était deux fois plus élevé chez les agriculteurs que dans le reste de la population. La cueillette d’information obtenue par Stéphane Gendron laisse croire que ces statistiques, déjà alarmantes, sont maintenant bien en-deçà de la réalité. Les histoires racontées par les agriculteurs sont reliées par les thèmes de l’attachement à la terre, de la ruralité, de l’isolement et du désarroi. «Ces témoignages bouleversants illustrent l’importance de la résilience humaine et le pouvoir de la relation d’aide. Les agriculteurs sont à la merci des conditions météorologiques et du phénomène relativement récent de l’éco-anxiété. Ils doivent composer avec le marché devenu international ainsi que les aléas de la vie tels que la maladie et l’absence de relève. Les pressions financières leur donnent souvent l’impression d’être pris au piège de la fatalité», explique Stéphane Gendron. [caption id="attachment_79359" align="alignnone" width="444"] Le producteur agricole de Saint-Anicet, Sylvain Gascon, a participé au documentaire et parle des formations sentinelles en prévention du suicide. En 2016, son épouse France Brunet et lui avaient reçu la distinction canadienne W.R. Motherwell, attribuée pour la capacité à faire la promotion des valeurs d’excellence et de progrès de l’agriculture à l’échelle nationale. (Photo d'archives)[/caption] Évoquant le phénomène du regard de tribu, le documentaire relate le sentiment de culpabilité ressenti lors d’un échec. «Le gars qui débarque est considéré comme un ‘’looser’’. Il peut difficilement parler de ses problèmes. A ma connaissance, il y a une seule psychologue connue qui se consacre aux agriculteurs dans la province», déplore Stéphane Gendron, qui se dit en préretraite. Fils d’un producteur agricole et natif de Saint-Rémi-de-Napierville, l’avocat de profession estime que les statistiques fournies dans le documentaire s’appliquent dans la région du Suroît. Bien qu’aucun agriculteur des MRC du Haut-Saint-Laurent, de Beauharnois-Salaberry et Vaudreuil-Soulanges n’est interrogé dans le documentaire, le producteur agricole de Saint-Anicet, Sylvain Gascon y figure en tant qu’interlocuteur pour les formations sentinelles en prévention du suicide, visant à rejoindre une clientèle à risque souvent isolée et qui manque généralement de soutien social.