Les producteurs de bière délaissent la bouteille de verre

Depuis les dernières années, les brasseurs de bières du Québec utilisent de plus en plus les canettes en aluminium pour leurs produits au détriment du verre, une tendance moins écologique que dénonce Équiterre. Questionnées à ce sujet, Champ Libre et Tamarac, deux brasseries basées à Mercier, expliquent avoir mis la bouteille brune de côté depuis un certain temps pour des raisons de logistique.

Dans la province, les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2009, 83 % des bières embouteillées l’étaient dans des contenants à remplissages multiples (CRM) en verre. Cette proportion a chuté à 32 % en 2017 et à 15 % en 2022, a indiqué Anthony Côté Leduc, des relations médias d’Équiterre, dans un communiqué publié le 11 mai.

Pourtant, ces bouteilles de bière «sont réutilisées de 10 à 25 fois : une solution bien plus écologique que la canette d’aluminium qu’on doit recycler et reproduire après chaque utilisation», a expliqué M. Côté Leduc. Ce dernier espère que le gouvernement s’engagera prochainement à préserver ce système aux avantages écologiques et économiques éprouvés.

Une question d’entreposage

Patrick Sylvestre, le Léryverain qui a lancé la brasserie Tamarac en 2020, estime que l’utilisation des contenants en métal permet une logistique plus facile.

«Pour avoir travaillé dans un IGA, les détaillants se retrouvaient avec une très grande quantité de bouteilles de verre dans leurs entrepôts et ça devenait difficile à gérer», a-t-il dévoilé.

Patrick Cool, de la brasserie Champ Libre à Mercier, abonde dans le même sens. Il a mentionné que «les canettes ont peut les écraser directement dans les machines, ça ne prend plus autant de place dans les back stores et les gens peuvent avoir directement leur consigne».

Une meilleure conservation

Les deux brasseurs, qui utilisent maintenant uniquement des canettes, ont indiqué que l’opacité totale d’un contenant en aluminium leur permettait de conserver leurs produits plus longtemps.  «Même si la bouteille de verre est brune ou verte, il y a quand même une luminosité qui traverse et qui va affecter le houblon», a précisé M. Sylvestre.

Ce dernier a dévoilé que des bières qu’il avait produites il y a trois ans étaient encore parfaitement buvables grâce aux canettes.

Malgré ces avantages, M. Cool reconnait de son côté que le verre est moins polluant, car il nécessite moins de transformation. L’entrepreneur dénonce notamment le fait qu’il n’y a aucun producteur de contenants d’aluminium au Québec et qu’il doit les faire venir des États-Unis.

«Tant et aussi longtemps qu’on n’aura pas une production locale, ça va être difficile de réduire l’empreinte écologique», a-t-il défendu.