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Les médias anglophones et les propos haineux

le vendredi 11 janvier 2019
Modifié à 12 h 03 min le 11 janvier 2019
Par Denis Bourbonnais

dbourbonnais@gravitemedia.com

OPINION.  La récente saga entourant les propos haineux tenus à l’endroit de Maxime Comtois lors du dernier Championnat mondial de hockey junior est de nature à relancer le débat sur l’identité francophone au sein de la nation canadienne. Aucun athlète, français ou anglais, ne mérite d’être bafoué sur les réseaux sociaux, d’être la cible de commentaires venimeux qui lui suggèrent de se suicider ou qui lui souhaitent de contracter le virus de l’immunodéficience humaine (VIH). Dans le cas de Maxime Comtois, c’est tout à fait inacceptable que des internautes anglophones sont allés jusqu’à lui imputer l’odieux de la défaite subie par la formation canadienne aux mains des Finlandais, les éventuels champions, en quart de finale. Si Owen Tippett, Morgan Frost ou un autre joueur anglophone n’avait pas marqué sur le tir de pénalité qui aurait procuré la victoire à l’équipe canadienne en prolongation, cette défaite amère n’aurait probablement pas suscité de telles réactions extrêmes. D’autant plus que dans un sport dominé depuis plusieurs années par les gardiens de but, le taux de réussite des tireurs sur les lancers de pénalité est inférieur à 30% dans la Ligue Nationale de hockey. Les bas pointages enregistrés à partir de la ronde quart-de-finale à Vancouver témoignent de la difficulté à compter des buts dans le hockey d’aujourd’hui. Certains amateurs ont la mémoire courte, si l’on considère que Maxime Comtois a été l’un des artisans de la conquête de la médaille d’or par l’équipe unifoliée en janvier 2018. Le choix de 2e ronde des Ducks d’Anaheim, qui habite le secteur Melocheville à Beauharnois, n’est d’ailleurs pas le seul francophone à avoir reçu un traitement injustifié de la part d’anglophones au cours des derniers mois. Il faut se demander si certains médias anglophones n’attisent pas le feu en lien avec ces épisodes de cyberintimidation. Un autre hockeyeur de chez nous, Nicolas Deslauriers est fréquemment un sujet de conversation sur les ondes de la station radiophonique TSN 690 à Montréal. Son utilisation avec le Canadien est constamment remise en question et un animateur a même avancé que Deslauriers ne serait qu’un élément de relations publiques pour plaire au public francophone. A Toronto, Bryan Hayes et Jeff O’Neill se plaisent à ridiculiser le centre des Maple Leafs, Frédéric Gauthier, à l’émission «OverDrive» diffusée par la station TSN 1050 à l’heure du souper. «The Goat» (la chèvre), un surnom peu flatteur qui fait référence à un souffre-douleur, subit régulièrement les moqueries des animateurs. Ces derniers ont été mesquins envers l’attaquant natif de Laval à la suite d’un récent match où Gauthier a obtenu deux points. Avec de tels comportements, combinés aux agissements du premier ministre ontarien Doug Ford, la souveraineté du Québec va demeurer à l’agenda de nombreux francophones de «La Belle Province».