Les infirmières de l’urgence de l’Hôpital du Suroît sont à bout

Les infirmières de l’urgence à l’Hôpital du Suroît ont inscrit le nombre de TSO exigé dans les derniers jours sur des bracelets d’admission. (Photo : Gracieuseté)
«Si vous allez au supermarché et qu’habituellement il y a 10 caisses d’ouvertes pour 800 clients, mais qu’on diminue le nombre de caisses de la moitié, vous faites quoi ?»
Voici comment Mélanie Gignac, présidente du Syndicat des professionnelles en soins de la Montérégie-Ouest (FIQ-SPSMO), comparait la situation dans laquelle est plongée l’urgence de l’Hôpital du Suroît. Elle appuie ses propos par le manque de personnel détenteur de poste à l’urgence. Ils sont cinq de soir bien qu’ils devraient être 17 ou 19.
Si bien que le temps supplémentaire obligatoire (TSO) devient la «solution» pour combler au manque de personnel.
Jessica Côté a écrit une longue lettre à l’attention du ministre de la Santé sur Facebook. Elle explique à Christian Dubé qu’elle a eu à faire cinq TSO en une semaine. Sa déclaration est appuyée par une photo où ses collègues ont inscrit le nombre de TSO fait dans les derniers jours.
«Cette réalité c’est la mienne et celle de mes collègues infirmières et infirmières auxiliaires à l’urgence de l’Hôpital du Suroît, écrit-elle. Toutes ces heures où l’on s’attend de nous à ce que l’on soit vigoureuses, rapides, que l’on voit à tout pour garder nos patients en vie et en santé. Que l’on saute nos heures de repas parce qu’il y a des patients partout dans l’urgence qui ont besoin de nos soins. Que l’on doit garder notre sourire et accepter cette réalité sans broncher. C’est terminé. Notre silence va bientôt nous coûter notre propre santé. Outre nos inconforts personnels et nos conditions de travail aberrantes, votre mauvaise gestion et votre inaction mettent LA POPULATION EN DANGER.» C'est la deuxième fois que cette infirmière exprime son désarroi face à la situation.
La présidente de la FIQ-SPSMO interpelle aussi le ministre de la Santé. «On s’en va en négociations, lance-t-elle. J’espère que le gouvernement va arrêter de parler à ses anges gardiens et va nous écouter. Le ministre a la clef. La première est d’écouter ses membres. Parce qu’en ce moment, notre système se meurt.»
Un sablier troué
Mardi matin, le taux d’occupation affichait 181 % à l’urgence de l’Hôpital du Suroît. Il se situait à 150 % à l’Hôpital Anna-Laberge puis 140 % au Barrie-Memorial. En pleine période où les microbes de la grippe, de la gastroentérite et autres maladies associées au retour à l’école circulent. Mais avant la période hivernale où les blessures sportives ou reliées aux chutes sur la glace surviennent. Et avec toutes les maladies qui existaient avant la COVID et qui sont toujours présentes. Bref, l’urgence sera toujours sollicitée.
On a pourtant instauré un système d’«horaire à la carte» pour faciliter la gestion du personnel. Celui-ci est mis en application, indique Mme Gignac. La présidente syndicale salue les efforts du PDG du Centre de santé et de services sociaux de la Montérégie-Ouest (CISSSMO), Philippe Gribeauval, et du directeur des activités hospitalières à l’Hôpital du Suroît, Dominique Pilon. Elle note également les initiatives de recrutement. «Il y en a [des infirmières] qui arrivent chez nous, dit-elle. Mais il y en a qui quittent ou qui prennent leur retraite. J’ai l’impression d’être dans un sablier dans lequel il y a un trou au fond.»
Pour elle, il serait temps d’asseoir les différents intervenants à la même table, d’arrêter de se regarder le nombril et voir les bonnes pratiques mises de l’avant ailleurs.
La situation est urgente. «La prise d’otage a assez duré, a imagé Jessica Côté. Nous voulons du changement et vite. Nous en avons déjà assez sur nos épaules comme ça. Nous ne porterons pas encore le poids des erreurs commises alors que nous dénonçons cette situation depuis trop longtemps. Si vous ne nous aidez pas rapidement, bientôt ce sera nous le patient. Peut-être qu’à ce moment vous nous identifierez par notre nom plutôt que pas notre numéro d’employé.»
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