Les nombreux défis de l'activité physique à l’école

ParticipACTION observe que la pratique sportive chez les jeunes a diminué depuis la pandémie. (Photo Journal Saint-François : Archives Pierre Langevin)
ParticipACTION a constaté que la pandémie avait freiné la pratique sportive chez les jeunes. Une récente étude obtenue par La Presse conclut que la condition physique cardiovasculaire des enfants et des adolescents québécois connaît une détérioration « alarmante » depuis les années 1980. Pourtant, les cours d’éducation physique représentent une belle porte d’entrée pour eux vers un univers sportif. De leur côté, les enseignants sont motivés pour inverser la tendance observée depuis 2020.
«C’est triste de voir à quel point les enfants ne vont plus dehors, lance Dominic Gervais. On a des élèves au retour à l’école qui m’ont dit qu’ils restaient à l’intérieur pour jouer aux jeux vidéo. Qu’ils avaient rejoint les réseaux sociaux. L’écran était devenu une béquille.»
Tel est le verdict de celui qui enseigne à l’école primaire Sacré-Cœur. Des enfants de 5 à 12 ans ont adopté une routine sédentaire. Pour lui, les élèves ont besoin de bouger à l’école. «Ils ne doivent pas rester assis, insiste-t-il. Ça va exploser. Ils ont une boule d’énergie qui doit sortir. »
À l’école secondaire de la Baie-Saint-François, on arrive au même portrait. «Tout le monde travaille à remettre la pratique sportive dans le quotidien, assure Claude Girard. Les étudiants qui étaient actifs reprennent la bonne route. Mais pour les autres, c’est plus difficile. »
Les professeurs parlent d’une désintoxication numérique nécessaire et urgente.
Des enseignants aimeraient que le ministère impose un seuil minimum de pratique sportive à l'école. (Photo Journal Saint-François - Archives Pierre Langevin)
Loin de la cible
Le ministère de l’Éducation n’a pas établi de seuil minimal pour l’éducation physique. Il en recommande toutefois 2 heures par semaine au primaire et 50 heures par année au secondaire. Un vœu pieux puisque les intervenants rencontrés indiquent qu’il est impossible de rencontrer ces cibles à l’heure actuelle.
«J’aimerais faire bouger les enfants davantage, mais je n’ai que deux cours de 45 minutes par semaine, avance Dominic Gervais. Le régime pédagogique des écoles met des bâtons dans les roues. Le ministre doit imposer un temps minimum pour chaque enfant au Québec. Notre projet de société c’est de les faire bouger 60 minutes par jour; je ne peux même pas leur offrir 60 minutes par semaine.» Surtout que le cours d’éducation physique comprend le temps au vestiaire et celui pour les explications.
À l’école secondaire des Patriotes-de-Beauharnois, les étudiants disposent de trois périodes par cycle de neuf jours. À l’école de la Baie-Saint-François, on en retrouve seulement deux. «On rame à contre-courant pour avoir plus de temps, souligne Marc Lafontaine, appuyé de ses collègues. Il faut se battre pour le bien des élèves. C’est dur de faire de la pratique sportive à long terme quand tu ne vois pas les étudiants régulièrement.»
Surtout qu’avec le manque de gymnases, une partie de volleyball par exemple permet à la moitié de la classe de jouer; l’autre moitié attend son tour. Assise sur le banc.
Ils aimeraient une meilleure concertation dans l’élaboration des horaires. Qui permettrait aux élèves d’avoir plus de cours d’une matière qui les passionne. Des volets «passion», que ce soit sportif, culturel ou autre.
Près de 100 élèves ont récemment formulé le désir de joindre le programme sport-excellence offert à l’ÉBSF. Les enseignants aimeraient tous les accueillir. «Il ne faut pas les empêcher, insistent-il. Sinon, ils vont aller ailleurs où ils vont trouver un programme qui saura les satisfaire.»
Dominic Gervais multiplie les projets pour dynamiser l'enseignement du sport chez ses élèves du primaire. (Photo Journal Saint-François : Eric Tremblay)
De belles initiatives
Le réseau scolaire propose cependant de beaux projets extrascolaires. La ligue de minibasket reprend au CSSVT. La demande est forte pour les grands du primaire pour ce circuit compétitif qui implique une dizaine d’écoles.
À l’école Sacré-Cœur, Dominic Gervais perpétue le projet multisports. «Ça roule depuis 25 ans et il y a un trophée à gagner sur lequel le nom du capitaine est gravé, explique-t-il. Le tournoi roule tout seul et implique presque la moitié de l’école. Les 6e année encadrent les équipes qui deviennent comme leur petite famille. Chaque année, je vois des élèves qui pleurent de joie quand ils gagnent.»
Un groupe d’enseignants tentent de réactiver les olympiades scolaires. L’enseignant au primaire organise aussi un carnaval d’hiver qui prend des airs de fête pour les élèves.
À l’école secondaire, on vient d’enclencher le projet Fillactive. Un programme provincial qui existe depuis une quinzaine d’années qui vise à faire bouger les filles dans un cadre non compétitif. Le tout émane d’une étude qui avançait que neuf filles sur 10 n’étaient pas suffisamment actives à l’adolescence.
«Elles veulent bouger, mais elles ne veulent pas se comparer, nuance Cindy Hardy, technicienne en loisir. On n’a pas de chronomètre ni rien pour mesurer. C’est récréatif. On propose aussi des conférences ou des sorties en plein air. Il y a un sentiment d’appartenance fort dans le groupe.»
À cet effet, un enseignant avance la possibilité que l’éducation physique gagnerait à séparer les garçons et les filles. «La force et la vitesse des garçons sont plus grandes, rappelle-t-il. Ce serait plus facile pour la participation avec des groupes non mixtes».
Fillactive incite les participantes à bouger dans un cadre sain et non compétitif. (Photo Jade Bélanger : @fillactive_fitspirit)
Les Broncos
Si les jeunes ont peu de temps en éducation physique, plusieurs manifestent le désir de bouger. Le midi, les gymnases débordent pour des matchs intramuraux où les intervenants alternent les sports.
Aussi, rarement les Broncos n’ont compté autant de membres. «Il a fallu faire des sélections cette année, explique Martin Laferrière, responsable de la vie étudiante. J’ai 24 équipes sportives cette année et il y a de la demande pour ajouter de nouveaux sports comme le hockey. »
Il manque toutefois d’entraîneurs et de plateaux pour soutenir la demande.
La demande n'a jamais été aussi forte pour endosser les couleurs des Broncos. L'école secondaire présente 28 équipes dans le réseau sportif étudiant cette année. (Photo Journal Saint-François : Archives Pierre Langevin)
Un momentum
Les enseignants ont bon espoir que le vent tourne en leur faveur. Déjà, ils ont été approchés par la Ville qui veut leur offrir des heures gratuites à l’aréna pour le patinage ou le hockey.
L’agrandissement de l’école secondaire comprend aussi la construction de nouveaux gymnases. De nouveaux espaces à considérer et à exploiter au maximum au bénéfice des jeunes. «Le train passe et on veut être dedans», assurent les enseignants.
Quelques constats du Bulletin de l’activité physique chez les enfants et les jeunes de l’organisme ParticipACTION
28 % : nombre de jeunes qui respectent la recommandation de l’activité physique d’intensité modérée à élevée de 60 minutes par jour
3 % le nombre de jeunes qui respectent la recommandation du temps d’écran de 2 heures par jour