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VIDÉO - Les banques alimentaires crient famine

le lundi 30 octobre 2023
Modifié à 13 h 50 min le 15 novembre 2023
Par Joelle Bergeron

jbergeron@gravitemedia.com

Photo: (Gravité - Vicky Girard)

Dans un rapport qualifié de «crève-coeur», les Banques alimentaires du Québec, qui regroupent entre autres Moisson Rive-Sud, le Partage et Moisson Sud-Ouest, ont révélé une hausse importante du nombre d’usagers au cours des dernières années. Pour se sortir la tête de l’eau, les organismes demandent d’une même voix une aide d’urgence gouvernementale.

«On vit réellement une crise alimentaire au Québec», affirme Frédéric Côté, directeur général au Partage qui dessert les villes de La Prairie, Sainte-Catherine et Saint-Constant.

«Pour l’an passé (du 31 avril 2022 au 1er mars 2023), nous avons eu une augmentation de 39% des visites à l’aide alimentaire pour nos trois villes, expose-t-il. C’est 376 nouvelles familles qui ont utilisé le service pour la première fois. Et depuis le 1er avril 2023, on ajoute un 35% d’augmentation supplémentaire.»

De son côté, Moisson Rive-Sud, qui chapeaute un réseau de 149 organismes en Montérégie, enregistre une augmentation de 14% par rapport à 2022 et de 25% par rapport à 2021. C’est donc 80 382 personnes qui sont aidées mensuellement. Moisson Sud-Ouest, qui dessert 85 organismes au sein du Suroît (Beauharnois-Salaberry, le Haut Saint-Laurent et Vaudreuil-Soulanges), aide 14 700 personnes dans la région chaque mois, soit une augmentation de 29,5% par rapport à 2022.

Le visage de la faim

Stéphane Spisak, directeur général de Moisson Sud-Ouest, remarque une augmentation constante du nombre d’enfants, d’aînés, mais surtout de travailleurs, vivant de l’insécurité alimentaire. Marie-Claude Savaria, directrice développement philanthropique et financement de Moisson Rive-Sud, constate de son côté que l’aide exceptionnelle s’est tranquillement transformée en aide ponctuelle. «Avant, les gens venaient à un moment précis dans le mois parce qu’ils savaient qu’ils n’arriveraient pas. Par exemple, trois jours avant le dernier chèque de paie. Maintenant, ils viennent de façon régulière pour compléter leur épicerie ou avoir des produits d’hygiène», indique-t-elle.

À ce jour, aucun organisme n’a connu de bris de service, mais MM. Spisak et Côté affirment qu’il y a une diminution quant aux quantités distribuées. «Des entreprises de dépannage comme le Service communautaire alimentaire, s’il donnait 10 kg de denrées par famille, a peut-être diminué à 3 kg pour continuer à subvenir aux demandes», donne en exemple M. Spisak.

Aide demandée

«Au-delà des 18 millions d’urgence demandés à la ministre de l’Emploi et de la Solidarité Sociale, il y a aussi des programmes qui n’ont pas été renouvelés, note Frédéric Côté. Entre autres les fonds d’urgence d’aide alimentaire qui nous permettaient de pouvoir acheter des denrées. Au cours des deux dernières années, c’est 43 000$ et 49 000$ que Le Partage a reçu du gouvernement du Québec qui n’a pas été renouvelé cette année.»

De son côté, M. Spisak affirme qu’il ne faudrait pas penser que les organismes demandent de l’argent faute de volonté. «On a toujours été créatifs pour trouver des façons de nous approvisionner, mais présentement, la demande est au-delà de nos capacités, affirme-t-il. J’ai été embauché en 2018 et nous aidions 7 500 avec 7 employés. Maintenant, on aide 14 700 personnes et je dois avoir 20 employés. On a beaucoup de bénévoles, mais j’ai besoin de bras.»