Le maire Lapointe répond aux craintes du CN

Dans deux articles récents commis par la journaliste Hélène Baril suite à l’inauguration du terminal intermodal de la société américaine CSX Transportation à Salaberry-de-Valleyfield, il est soulevé l’inconfort du transporteur ferroviaire CN et du Port de Montréal face à la possible compétition de ce joueur d’importance dans le domaine du transport de marchandises.
Étonnant de voir s’indigner une ancienne société d’état, le CN, devant la contribution financière du Québec au projet de CSX alors qu’historiquement la presque totalité du réseau ferroviaire canadien a été construite avec des subsides fédéraux provenant, bien sûr, des contribuables. Tout aussi étonnant de constater que l’administration du port de Montréal s’insurge devant l’arrivée d’un nouveau joueur, en fait pas tout à fait nouveau, dans l’offre de service du transport des marchandises, les infrastructures du Port de Montréal ayant, elles aussi été historiquement réalisées grâce aux subsides de l’état fédéral, donc des contribuables.
Étonnant aussi de constater qu’on s’insurge contre le déploiement d’une plateforme, voire d’un pôle logistique dans le sud-ouest du Québec, alors que l’autoroute 20 est un des points d’entrée principaux, majeur même, des marchandises de commerce au Québec. A-t-on oublié que les villes de Cornwall et de Hawkesbury, en Ontario, détournent dans leurs nombreux centres de distribution une très grande partie de ce qui sera distribué au Québec dans nos Wal-Mart, nos Jean-Coutu et d’autres grands magasins de détail? Laissera-t-on encore une fois passer la parade de camions sans que les distributeurs pensent à investir chez nous?
Étonnant de ne pas considérer le terminal de CSX comme porte d’entrée d’un marché de plus d’une centaine de destinations dans tout l’est américain et même du Mexique, un marché desservant plusieurs centaines de millions de personnes. Il me semble que nous soyons encore bénéficiaires de l’ALENA et que le Québec soit avantagé pour ses exportations en direction particulièrement des États-Unis? Depuis quand lève-t-on le nez sur des investissements étrangers de plus de 100 M$ pour faciliter nos exportations?
Étonnant de voir des leaders comme la Chambre de Commerce du Grand Montréal Métropolitain, le CN et le Port de Montréal se faire protectionniste au point de s’insurger contre le développement régional. Le Grand Montréal ne se bâtit pas à sens unique! Il doit se déployer bien au-delà de ses frontières municipales.
Les gouvernements du Québec et du Canada ont réalisé ensemble un grand projet d’autoroute, la A30, faut-il s’étonner aujourd’hui qu’ils aient la volonté et l’intelligence d’en développer le corridor économique qu’il constitue pour justifier leurs investissements comme cela s’est fait d’ailleurs pour la A20, la A40 et les composantes majeures de notre réseau routier?
S’il est une chose que le déploiement de la plateforme CSX ait fait au moment de son lancement, c’est de réveiller deux géants dormant afin de les rendre meilleurs, espérons-le, par les investissements à venir qu’on annonce un peu tard, mais qui les rendront sans doute plus compétitifs, ce dont bénéficieront les consommateurs ultimement. Une «alliance» ne serait-elle pas plus bénéfique, inspirante et porteuse pour tout le Québec?
Denis Lapointe,
Maire de Salaberry-de-Valleyfield
Président du Centre local de développement de Beauharnois-Salaberry
Membre du bureau de direction de l’Alliance des villes des Grands Lacs et du Saint-Laurent