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Le garçon différent qui joue au hockey comme les autres

le mardi 03 mai 2022
Modifié à 0 h 00 min le 04 mai 2022
Par Eric Tremblay

etremblay@gravitemedia.com

Rafaël Proulx a été un bon joueur d'équipe tout au long de son parcours dans le hockey mineur. (Photo Jimmy Allard - gracieseuté)

Rafaël Proulx a eu droit à son tour d’honneur sur la glace de l’aréna de Huntingdon le 24 avril. Âgé de 17 ans, le joueur des Braves de Valleyfield bantam B pouvait ainsi célébrer sa dernière partie au hockey mineur. Les coéquipiers du jeune autiste ont surtout voulu souligner son inclusion et sa persévérance.

«Il a pleuré pas mal, a dit son père, Benoît, tout aussi ému du moment. Il était super content et ne s’attendait pas à cette attention. Il disait à tout le monde qu’il a eu son tour de glace pour sa retraite.»

Ses coéquipiers ont voulu souligner la fin du parcours de leur ami. Après le match, avec l’accord du président de l’Association du hockey mineur de Huntingdon, Érick Faubert, et de l’entraîneur de l’équipe de Mercier, les Braves ont témoigné respect à Rafaël.

«Malgré ton handicap, tu as su démontrer au cours des années que tu avais un rêve, jouer au hockey, a poursuivi son père. Tout le monde a embarqué. Tu as changé la vie de plusieurs personnes sans le savoir. Tous les jeunes qui t’ont fréquenté ont grandi en tant que personne. Je suis extrêmement fier de tout ce que tu as accompli durant toutes ces années. »

Un bon coéquipier

Rafaël Proulx a reçu son diagnostic d’autisme à l’âge de 6 ou 7 ans. Il évoluait déjà au sein du hockey mineur. Une fois son état connu, il a obtenu une dérogation pour obtenir un sous-classement. «Pour Rafaël, le hockey et l’école c’est ce qui le tient au milieu de tout, explique son père. Il est autiste léger et sa coordination main-œil ne fonctionne pas, sauf au hockey. Au hockey, il se sent comme les autres. Il se sent accepté. C’est vraiment spécial.»

Martin Desrochers et Nancy Verreault ont grandement aidé à obtenir la dérogation pour permettre au jeune adolescent de jouer avec des équipes formées de joueurs plus jeunes que lui. Malgré tout, chaque année, les parents du jeune hockeyeur devaient présenter un rapport médical.

«C’est correct, parce que le comportement peut évoluer, indique Benoît. Mais Rafaël est un bon joueur d’équipe. Pas le plus impliqué, il joue sa game et fait des passes. Je pense qu’il a eu deux punitions de banc dans toute sa carrière. »

Une fois, Rafaël a essuyé une remarque insultante après s’être fait mettre en échec. À un autre moment, une équipe rivale l’avait injustement identifié comme auteur d’un coup interdit. Mais dans l’ensemble, il a vécu une belle carrière.
Qui s’est soldé par une défaite en finale de la Ligue de la 30.

«Son équipe était 13e avant la pause imposée par la COVID, explique Benoît qui était aussi entraîneur-chef. On a battu trois équipes plus fortes au classement pour atteindre la finale qui a été perdue 2-1.»

Les Braves de Valleyfield bantam B ont été finalistes des séries de la Ligue de la 30. (Photo Jimmy Allard - gracieuseté)


Une ouverture

Benoît Proulx, président de l’Association du hockey mineur de Valleyfield, aimerait mettre en place une structure pour permettre aux jeunes comme Rafaël de jouer au hockey. Il dit avoir une douzaine de joueurs plus un gardien intéressés. S’ajouteraient 5-7 joueurs de Vaudreuil. «Le Lac Saint-Louis et Hockey Québec en parlent beaucoup. Mais ça prend du temps avant que ça se concrétise. »

Le spectre de l’autisme est assez complexe. Des jeunes comme Rafaël ne représentent pas de problématique. Mais certains peuvent réagir avec plus d’agressivité. «Je ne veux pas embarquer sur la glace sans intervenant, assure Benoît. Il faut être équipé pour aider les entraîneurs. Je veux être sûr que ça se passe bien. Le but est de rassembler des jeunes pour jouer au hockey et avoir du plaisir.»

Depuis 2015, l’Association de hockey mineur de Saint-Jean-sur-Richelieu tient du hockey dit adapté. Les jeunes autistes y évoluent dans un contexte récréatif et bien encadré par des entraîneurs et des intervenants. 

Un peu à l'image de ce qui se déroule à Saint-Jean-sur-Richelieu, on aimerait créer une ligue pour permettre aux hockeyeurs autistes d'évoluer dans un contexte amical et sécuritaire. (Photo Jimmy Allard - gracieuseté)