Tribune libre

Le Club de Voile St-François inquiet pour la sécurité de ses membres et l’avenir de la voile à Salaberry-de-Valleyfield

le samedi 20 août 2022
Modifié à 14 h 53 min le 19 août 2022

(Photo Journal Saint-François Mario Pitre)

Le Club de Voile St-François (CVSF) a été fondé en 1978 par des passionnés de la voile. Au cours des 45 dernières années, les « voileux » ont contribué à l’essor de la Marina de Valleyfield et à l’économie des commerces avoisinants.

Encore aujourd’hui, le club accueille à son bord autant des membres débutants que ceux d’une grande expérience. Plusieurs propriétaires de voiliers de la Marina proviennent de l’extérieur de la région et font découvrir la ville et sa marina à leur famille et à leurs amis. Bref, une contribution économique significative.

En juin dernier, la Ville de Salaberry-de-Valleyfield a décidé d’imposer à la Marina et à ses membres certains changements avec comme objectif de diminuer les impacts environnementaux dans la communauté. Si l’objectif est louable, les décisions prises sans consultation avec les membres aguerris du CVSF laissent perplexe.

La grande majorité des propriétaires de voiliers reconnaissent qu’on peut faire mieux, particulièrement en ce qui concerne le bruit des drisses. À cet effet, plusieurs se portent volontaires pour augmenter la surveillance. La ville pourrait aussi appliquer son règlement qui lui permet de donner des amendes en cas de bruit.

La Ville a aussi pris la décision d’annexer la langue de terre au parc Marcil. Bien que les travaux ne débutent pas cet hiver, ni peut-être l’an prochain, les propriétaires ont été informés en juillet dernier seulement que plus aucun voilier n’y sera autorisé. Les employés de la Marina travaillent d’arrache-pied pour trouver des solutions de dernière minute.

Une quarantaine de bateaux ont déjà été expulsés. Une façon de faire très cavalière et qui aurait pu se préparer, encore une fois, en collaboration avec les membres.

Enjeux majeurs de sécurité

Là où le bât blesse, c’est la dernière nouvelle reçue et passée au conseil mardi dernier : l’obligation de démâter les voiliers (enlever le mât du voilier pour le déposer ailleurs, sur le voilier ou le terrain).

Tous les navigateurs savent à quel point cet exercice est à faire uniquement en cas de bris majeur ou d’obligation (passer en dessous d’un pont ou des lignes électriques) puisque le démâtage comporte des risques importants pour la sécurité des gens et des embarcations. On ne s’improvise pas dans le démâtage de son voilier, encore moins dans celui des autres.

Et au printemps, il faut remâter, donc les risques sont doubles. Pour bien comprendre, c’est comme un moteur, le démonter, c’est une chose, le remonter en est une autre. Le mât nécessite de nombreux ajustements pour éviter une catastrophe sur l’eau.

Encore une fois, aucune ouverture de la ville du nautisme concernant l’importance d’analyser la complexité et les risques du démâtage, et ce, pour une raison qui échappe encore.

La Ville assure que toutes les marinas le font, alors que sur une centaine de marinas au Québec et en Ontario, nous en avons trouvé trois. Trois petites marinas avec quelques voiliers, et non 200 comme à Salaberry-de-Valleyfield.

Ajoutons à cela que les membres viennent de recevoir, encore, une nouvelle information. Il y a des enjeux concernant la conformité de la potence (pour démâter les voiliers) et les qualifications nécessaires pour effectuer le travail. Ça commence à faire beaucoup et cela démontre une improvisation qui blessera des gens. Le plus désolant dans tout cela, c’est le manque de consultation et de communication. Les délais exigés par la Ville, qui se dégage de toute responsabilité en cas d’accident, sont irresponsables.

La question qui est sur toute les lèvres en ce moment, est-ce que la Ville souhaite le départ des voiliers ?
On parle d’une destination nautique, de diminuer le bruit, d'environnement, mais nous assistons à des rassemblements parfois beaucoup plus bruyants qu’un voilier sur l’eau. La question qui a été posée lors du conseil de ville n'a pas obtenu de réponse de la part du maire.

Le monde de la voile est petit et les nouvelles règles de démâtage sont incompréhensibles autant pour nos membres que pour les navigateurs de l’extérieur. On nous a proposé de faire venir des formateurs alors que nous avons dans notre club des experts. Et tous sont d’accord, les risques sont plus grands que les bénéfices, s’il y en a.

Soyez assurés que les membres du Club comprennent les enjeux actuels avec la communauté et sont prêts à collaborer pour diminuer les impacts sur le voisinage, mais pas sans égard à la sécurité.

Pourquoi est-ce si urgent de démâter les voiliers pour l’hiver à venir ? Laissons les experts analyser les vrais enjeux, et arrêtons de balayer du revers de la main et sans respect l’avis des navigateurs d’expérience.
Le conseil d’administration du CVSF