Économie
Opinion

L’achat local, oui, si ça ne coûte pas trop cher !

le jeudi 11 juin 2020
Modifié à 15 h 26 min le 11 juin 2020
Par Eric Tremblay

etremblay@gravitemedia.com

On entend partout cette exhortartion: «En temps de crise, il faudrait privilégier les producteurs de chez nous et voter avec notre portefeuille… en achetant autant que possible leurs produits». Mais est-ce que c’est ce qui se passe en réalité? La firme Léger, en collaboration avec le réputé professeur émérite Jacques Nantel, de HEC Montréal, vient de rendre public <@Ri>L’étude bleue, un portrait de la consommation locale au Québec<@$p>, basée sur un sondage effectué à la fin avril auprès de 1502 personnes. En gros, tout le monde, ou presque, y est favorable avec un bémol: l’enthousiasme baisse quand les prix sont plus élevés d’à peine 5%. <@Ri>Tout le monde veut aller au ciel, oui, mais personne ne veut mourir<@$p>, disait la chanson de l’époque! Voici en détails ce que ça donne. Pas moins de 87% des Québécois signalent qu’il est important pour eux d’acheter des produits d’origine locale, plus précisément du Québec. Et 58 % de la population veut même augmenter ces achats locaux au cours des prochains mois. Fait intéressant, l’intention varie selon le sexe, l’âge et la langue. Les femmes sont plus engagées vers l’achat local, comme les gens de 55 ans et plus. Et les francophones y sont plus sensibles que les anglophones. Cela dit, la population demeure sensible au signal de prix. En moyenne, les répondants se sont dit prêts à payer 5% de plus pour des produits locaux. Après, le préjugé favorable faiblit. C’est bien compréhensible. Les revenus d’une bonne partie de la population ont fondu et il faut bien évaluer ses dépenses. Par ailleurs, les producteurs locaux, surtout les petits producteurs, ne peuvent compter sur un gros volume qui permet des économies d’échelle. Les aliments biologiques, entre autres, coûtent encore souvent un peu plus cher. Confrontés à une facture potentiellement plus élevée, les consommateurs se retrouvent ainsi pris dans un dilemme. En même temps, trois personnes sur quatre disent qu’il est à la fois difficile de trouver les produits locaux en magasin, et qu’il est tout aussi difficile de les distinguer des produits génériques. On souhaiterait donc que les commerçants s’efforcent de mettre davantage en évidence les produits locaux. Et que ces produits viennent du Québec est plus important que l’origine du commerce lui-même. Est-ce que ces bonnes intentions tiendront la route? On commence déjà à voir des signes d’éclaircie pour l’économie avec de bonnes perspectives de redressement vers la fin de l’année. C’est alors qu’on pourra voir si le panier bleu est vraiment solide.