Chronique

La reconversion d’une région à cheminées

le mercredi 29 janvier 2020
Modifié à 11 h 37 min le 29 janvier 2020
Par Mario Pitre

mpitre@gravitemedia.com

L’économie de la MRC de Beauharnois-Salaberry est en pleine reconversion, elle qui a longtemps été un des symboles québécois de la grande industrie lourde avec ses longues cheminées pointant vers le ciel. Un des signaux les plus éloquents a été l’arrivée de la compagnie française OVH à Beauharnois en 2012, qui a alors accueilli le plus grand centre de données au monde dans les anciennes installations de Rio Tinto Alcan. OVH veut dire «on vous héberge». Dans les faits, ce sont quelque 360 000 serveurs qui y sont hébergés. Ce gigantesque parc informatique, sans cheminée, exige beaucoup d’électricité pour la climatisation parce que la chaleur dégagée par ces milliers d’appareils finirait par poser de gros problèmes, au point d’en paralyser le fonctionnement. Il faut les refroidir. Or, l’imposante centrale hydroélectrique de Beauharnois se trouve juste à côté, à moins de deux kilomètres. Est-ce là un avantage décisif ? Non, ça ne l’est pas ou, plutôt, ça ne l’est plus. Beauharnois, comme Shawinigan, a longtemps profité de cette proximité avec des complexes hydroélectriques. C’est ce qui leur a valu leur attrait pour les entreprises grandes consommatrices d’énergie. Il a longtemps été impossible de transporter de l’électricité sur de longues distances. Les fils ne parvenaient pas à conserver le courant qui se dissipait en cours de route. Si on en avait besoin, mieux valait être situé tout près des centrales. Tout a changé lorsque les ingénieurs de Hydro-Québec ont accompli en 1965 une prouesse technologique, la toute première mise en service sur la Côte-Nord d’une ligne de transmission à très haute tension, de 735 000 volts. Désormais, la distance n’avait plus d’importance. Mais alors, comment expliquer cet intérêt pour la région de la part des entreprises qui ont besoin de beaucoup d’électricité ? « Oui, nous disposons d’une énergie propre et attrayante au Québec, mais ce n’est pas le seul facteur. Il fait partie d’un ensemble », dit Daniel de Brouwer, directeur du développement économique régional au CLD Beauharnois-Salaberry. Le prolongement de l’autoroute 30 a grandement aidé à l’attrait de la MRC de Beauharnois-Salaberry. La région n’est plus enclavée. Le mise en valeur du port de Valleyfield a aussi contribué, et consolide le système d’infrastructures de transport. Puis, la région peut à la fois offrir des terrains disponibles pour des implantations et des friches industrielles qui ne demandent qu’à servir de nouveau, à la manière du XXIe siècle. Vive le passé, mais c’est maintenant le présent qui compte, pour assurer un meilleur avenir.

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