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La récolte, la santé et les entreprises agricoles en péril

le vendredi 22 novembre 2019
Modifié à 14 h 44 min le 22 novembre 2019
Par Yanick Michaud

ymichaud@gravitemedia.com

« Nous voulons que le ministre décrète l’état d’urgence pour nos récoltes. » Dominique Leroux, producteur de grains de Sainte-Justine-de-Newton est inquiet. « Le mot qui revient et qui doit être employé, c’est péril. La santé mentale, nos finances, nos entreprises. Même nos familles sont en péril avec la crise actuelle que nous vivons. Nous voulons que le ministre partage le risque avec nous », lance celui qui est devenu par défaut, le porte-parole des agriculteurs de Vaudreuil-Soulanges. Ils étaient près d’une centaine vendredi matin à une rencontre organisée à Coteau-du-Lac, avec le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne. « Il n’y a pas que le propane. Il y a les vents qui ont couché la récolte. Puis la neige qui s’est abattue plus tôt que prévu. Et maintenant le propane n’est plus livré à cause de la grève des cheminots. Ça se peut que notre récolte reste dans le champ cet hiver et c’est catastrophique », explique Dominique Leroux qui reçoit des centaines d’appels chaque jour de ses confrères.

Des dommages collatéraux

Non seulement la situation actuelle, décrite comme une tempête parfaite, puisque tout s’aligne pour mettre des bâtons dans les roues aux agriculteurs, pourrait coûter cher actuellement, mais elle pourrait s’envenimer. Devenir catastrophique. la récolte est fichue dans 90 % des cas. « Au printemps, il faudra prélever ce qui est resté là. Il faudra aménager les champs pour recevoir les nouvelles plantations. Ce n’est pas fait. Mais en plus, les meuniers sont nerveux. Ils doivent pouvoir nourrir les animaux cet hiver. Les porcs, les poules. Ils dépendent de nous. Nous venons de briser le premier maillon de la chaîne. En plus, s’ils décident de s’approvisionner ailleurs, aux États-Unis par exemple, est-ce qu’ils vont revenir après. Nous risquons de perdre des clients », s’insurge Jean-Hugues Charrette de Rigaud. Il est producteur agricole et marchand de grain. Il sent la nervosité chez ses clients. « Nous n’avons pas d’argent pour affronter cette crise. Le gouvernement doit partager le risque avec nous. Selon nous, dans les meilleures conditions, le propane ne sera pas revenu pour Noël », répète Dominique Leroux.

Un ministre préoccupé par la situation actuelle

En visite dans la région dans le cadre d’une rencontre déjà prévue depuis longtemps, le ministre Lamontagne était attendu de pied ferme. « Je comprends bien vos inquiétudes. Et je veux entendre votre réalité. Je suis un gars de terrain et je partage une partie de vos craintes. Et tout le monde au sein de mon équipe, du gouvernement, travaille pour la résolution de cette crise qui nous touche. Nous ne pouvons traîner ça pendant des jours, encore moins des semaines. Ça fait déjà plusieurs jours que je réfléchis à ça. Il faut faire en sorte que la machine soit agile à l’intérieur de ses capacités. N’ayez crainte, chaque minute de mes journées est occupée à réfléchir à des solutions. On s’embarque ensemble afin que vous sortiez de là dans le meilleur état possible », dit le ministre André Lamontagne. Il entend relayer des informations importantes à ses collègues afin de régler la crise. « Je vous assure que tous les pitons sur lesquels nous pouvons peser pour régler, nous le faisons », conclut celui qui n’a cependant pu s’engager sur un partage de risque. « Nous visons de l’inconnu. Mais on essaie d’avancer ensemble. On va faire du mieux que nous pouvons. »