La libération d’une jeune transgenre

Dans quelques mois, Alicyah Laberge complétera sa transition. Pour la jeune transgenre de 20 ans, Nicholas ne sera plus qu’un lointain souvenir.
Alicyah a accepté de se confier au Journal Saint-François afin de démystifier la vie des personnes transgenre. Pour elle, la discrimination de la société face à cette réalité est quelque chose qu’elle souhaite voir disparaître.
Le plus loin qu’elle peut se remémorer dans son enfance, Alicyah avait une attirance pour les poupées, les robes ainsi que le maquillage. De son propre aveu, elle a toujours eu un côté féminin développé et rapidement, elle a compris qu’elle n’était pas née dans le bon corps. Celui de Nicholas ne représentait pas ce qui pouvait la rendre heureuse. «J’aimais mettre les robes de ma sœur, du vernis à ongles et me maquiller. Ma mère trouvait bien drôle que je me déguise aussi souvent», atteste Alicyah.
Apprendre à s’accepter
Maintenant âgée de 20 ans, Alicyah ne désire plus se cacher derrière un personnage masculin. Maintenant, elle assume pleinement sa féminité. «J’ai annoncé à mon père qui j’étais vraiment il y a quelques mois, informe Alicyah en précisant que sa mère n’a pu assister à la transition puisqu’elle est décédée. Sans préparation, je l’ai mise au pied du mur et je lui ai annoncé. Pour sa part, ma sœur a très bien pris la nouvelle en soulignant qu’elle était heureuse d’avoir maintenant une petite sœur comme moi.»
L’entourage de la jeune transgenre a aussi bien réagi lorsqu’elle a fait connaître ses intentions. «Mes amies ont bien accueilli la nouvelle. Ils voient bien qu’enfin je suis heureuse et c’est ce qu’elles me souhaitent.»
Malgré les regards et les préjugés de la société par rapport aux transgenres, Mlle Laberge clame haut et fort que derrière les tabous, il y a une réalité cachée. «Je ne veux pas de copain pour l’instant, explique Alicyah. Mais, je dois avouer que régulièrement, je me fais faire la cour. À ce moment, je suis très franche et je le dis que je suis en processus de changement de sexe. Cela n’arrête pas les hommes pour autant.»
Un cheminement comme le fait Alicyah ne se fait pas sans embûche. C’est pourquoi la jeune femme s’est construit un réseau de soutien via les réseaux sociaux. «Je suis en communication avec d’autres transgenres sur Facebook. Parfois, ça fait du bien de savoir que je ne suis pas seule et que d’autres personnes ont passé par le même chemin que moi.»
Malgré tout le processus et les préjugés, Alicyah Laberge confirme qu’elle ne reviendra jamais sur sa décision. «Enfin, je me sens libre. Je suis celle que j’ai toujours été. Je ne mettrai plus jamais des vêtements pour homme. Je souhaite changer la vision des gens. C’est avec ce genre de victoire que la population finira par comprendre les transgenres.»