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La franchise et la transparence d’un autiste

le lundi 11 février 2019
Modifié à 11 h 42 min le 11 février 2019
Par Denis Bourbonnais

dbourbonnais@gravitemedia.com

TÉMOIGNAGE. «Je sais que je suis différent depuis 5 ans. Le diagnostic posé par les médecins à l’âge de 31 ans a expliqué beaucoup de choses. Maintenant, je souhaite changer les mentalités à propos des troubles du spectre de l’autisme.» Mathieu Giroux parle en toute franchise et avec une transparence entière de la condition qui l’affecte depuis sa tendre enfance. Un invité de l’émission «Ça ne se demande pas… à des personnes autistes», qui sera diffusée sur les ondes de la station AMI-télé, le lundi 18 février (20 h), le Campivallensien s’est révélé un véritable livre ouvert lors d’une entrevue accordée au «Journal Saint-François». Conférencier, enseignant, chercheur, consultant, blogueur… l’homme qui doit composer avec un Trouble de la personnalité de type B prend tous les moyens pour permettre aux gens d’entrer dans son univers et de mieux comprendre les personnes autistes. Affirmant que le marché du travail n’est pas adapté à l’autisme, Mathieu a expliqué pourquoi c’est un grand défi d’être neuro atypique chez les neuros typiques. «Un autiste, c’est quelqu’un qui se déplace en fauteuil et qui n’a pas de rampe d’accès», évoque le résident du boulevard du Havre. «Pour un employeur, c’est très exigeant car il y a plusieurs situations à gérer. C’est plus facile d’intervenir dans le cas d’un déficient intellectuel. La découverte de notre condition neurologique ne remonte qu’à 1945 et de nombreuses questions demeurent sans réponse. Les autistes ont les pires statistiques d’emploi, 9 sur 10 étant sans travail», ajoute Mathieu Giroux, qui signe «autiste et conférencier» sur sa carte d’affaire. Tentative de suicide Victime d’intimidation à l’école, il a vécu diverses problématiques au cours de sa jeunesse. Des enjeux psychologiques l’ont poussé éventuellement vers une tentative de suicide et un séjour dans un établissement psychiatrique. Le verdict est tombé pendant son hospitalisation : syndrome post-traumatique causé par du harcèlement au travail. Un malheur n’arrive jamais seul et des procédures de divorce étaient déjà entamées au moment du diagnostic. «Après 13 ans de vie commune, mon ex-conjointe croyait qu’elle n’allait pas réaliser certains de ses rêves. J’avais un espoir que ça change mais j’ai respecté sa décision et j’ai une bonne relation avec la mère de mes enfants», souligne Mathieu. Père d’un garçon âgé de 10 ans et d’une fille de 5 ans, il détient la garde partagée de sa progéniture. Habitant avec son père dans une maison bigénérationnelle, Mathieu confie avoir fait ce «choix obligatoire» pour des raisons financières. Bénéficiaire de l’Aide sociale, Mathieu est peu rémunéré pour ses quelque 60 à 70 heures d’intervention hebdomadaire dans la communauté, incluant l’enseignement au Collège de Valleyfield, les multiples conférences et une collaboration avec l’Hôpîtal Sainte-Justine à Montréal. «Les personnes autistes sont considérées comme étant invalide. On prend l’opportunité qu’on nous donne. Être sur l’aide sociale, c’est mieux que revivre des échecs. Idéalement, j’aimerais avoir un emploi rémunéré et je vais continuer à mettre les efforts nécessaires pour démontrer que des personnes autistes peuvent contribuer à apporter une valeur ajoutée à l’exercice de son travail», conclut Mathieu Giroux.