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La fin du grand voyage scolaire pour Maryse Courville

le mercredi 22 juin 2022
Modifié à 14 h 42 min le 22 juin 2022
Par Eric Tremblay

etremblay@gravitemedia.com

Dans son parcours, Maryse Courville a apprécié agir en relation d'aide avec les élèves. (Photo Journal Saint-François - Denis Germain)

Maryse Courville a consacré sa vie à la jeunesse. Dans sa carrière en éducation, dans le Grand Nord ou à Salaberry-de-Valleyfield, la directrice de l’école Élisabeth-Monette s’est intéressée à l’épanouissement des enfants. Un voyage au pays du développement qui prendra une route différente pour celle qui se dirige à la retraite.   

«Je pars et j’ai encore la passion pour l’école, dit-elle pendant que les enfants jouent dans la cour derrière. J’ai aimé pouvoir faire une différence auprès des enfants. Être en relation d’aide avec eux avant d’y aller dans les enseignements.»

Elle était déjà mère de famille lorsqu’elle a décidé d’embrasser cette vocation. Au cours des 28 dernières années, elle a principalement enseigné en 6e année avant d’agir comme directrice dans diverses écoles. «C’est important de respecter les différences, soutient-elle. Accepter les enfants comme ils sont. Sous chaque comportement, il y a une raison. Un enfant heureux rayonne. C’est ce qui me touche beaucoup.»

Tout au long de sa carrière, le monde de l’école a changé. Les jeunes aussi ont évolué. Dans un monde en accélération constante. On n’a qu’à penser à la pandémie qui a amené le déploiement de l’éducation virtuelle. «J’ai l’impression qu’on est plus sensible aux différences de chacun, avance Mme Courville. Avant, les gens enseignaient pour tous ou pour la moyenne. Désormais, on adapte les choses pour plus d’élèves. On les accompagne autant au niveau du comportement que de l’enseignement.»

Elle est heureuse de voir les enfants se réaliser et se valoriser à la découverte de leurs forces. Et de voir les anciens, rendus au secondaire ou même à l’âge adulte, qui venaient la saluer. Une carrière inspirante certes, puisque sa fille, Bianka Bessette, est la directrice de l’école Montpetit. 

L’aventure avec un grand A

Au fil des ans, Maryse Courville a accepté d’aller enseigner dans le Grand Nord. Une expérience dépaysante mais tellement enrichissante. «J’ai toujours aimé l’aventure, le plein air et les cultures différentes, dit-elle. Les Inuits sont accueillants et chaleureux. Malgré ce qu’ils ont subi, je me suis toujours sentie très bien accueillie.»

À Salluit, la ville la plus au nord du Québec, elle s’y est d’abord installée un an avec son fils. C’est un endroit où le monde évolue selon la nature. Le 8 à 16 h, très peu pour eux. L’enseignante a dû comprendre leurs comportements pour gagner leur confiance. «J’ai toujours vu le bon côté des choses, mentionne la directrice. Ce sont des gens qui veulent rire, enjoués avec un bel esprit de communauté et de partage. Mais il faut savoir qu’ils sont scolarisés en Inuktikut jusqu’en 3e année. Le français représente leur troisième langue.» 

Elle y est retournée pour une autre année d’enseignement et a même agi comme conseillère pédagogique pour les 14 communautés du Nunavik. Marcher dans la toundra, malgré le froid intense, représentait un grand bonheur pour elle.
Mme Courville dit avoir été plus dépaysée à cet endroit qu’en Asie.

Mais elle garde un attachement pour les communautés inuites et entretient toujours quelques amitiés avec les gens rencontrés là-bas. «C’est un privilège pour moi d’avoir travaillé avec cette communauté, souligne-t-elle. Pour moi, c’était un endroit mythique qui me fascinait.»

Le rire des enfants

Sa carrière l’a amenée à différentes écoles à Salaberry-de-Valleyfield. Si elle termine sa carrière à Élisabeth-Monette, elle a également travaillé à Langlois, Saint-Esprit et l’école alternative La Traversée. «Vue ma façon de faire, les dirigeants savaient que d’être directrice à cet endroit m’allumerait, indique-t-elle. Ça allait avec mes valeurs de travailler par projets et de considérer les intérêts des élèves.»

L’école va lui manquer. D’être avec les élèves et les voir grandir a de quoi de valorisant. Si la cour d’école sera plus loin, elle habite à proximité d’une piste cyclable. Elle pourra toujours entendre le rire des jeunes un peu comme ceux entendus durant l’entrevue. «Le son des enfants, ça ne me dérange pas, explique Maryse Courville. Ce sont des cris de joie. On entend des enfants heureux.»

La directrice Maryse Courville, photographiée en compagnie de Nathalie Bergevin et Cynthia Bouthillier, deux enseignantes de 6e année. (Photo Journal Saint-François - Denis Germain)