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Justice

Jusqu’à 5 ans de prison demandé pour avoir entraîné la mort de sa meilleure amie

le mercredi 28 septembre 2022
Modifié à 8 h 59 min le 29 septembre 2022
Par Mario Pitre

mpitre@gravitemedia.com

L’accident s’était produit le 15 juillet 2018, à l’issue du week-end des régates, sur la route 132. (Photo Journal Saint-François Archives)

La Couronne réclame une peine allant de 4 ans et demi à 5 ans de prison pour Karell Tanguay, reconnue coupable en avril dernier des neufs chefs d’accusation qui pesaient sur elle en lien avec un accident mortel survenu sur la route 132 le 15 juillet 2018.  

Cela comportait trois chefs d’accusation pour conduite dangereuse ayant causé la mort et des lésions corporelles, trois autres de conduite avec les capacités réduites ayant causé la mort et des lésions corporelles et finalement trois pour avoir conduit une voiture avec un taux d’alcoolémie dépassant la limite permise de 80 mg/100 ml de sang ayant causé un accident mortel ou avec des lésions corporelles.

L’accident survenu le 15 juillet 2018 vers 20 h 35 sur la route 132 à Saint-Stanislas-de-Kostka avait entraîné la mort d’Olivia Drozdoski-Richardson, 23 ans, de Sherbrooke, qui prenait place dans la voiture conduite par l’accusée.

D’après l’analyse de la scène, le véhicule conduit par Karell Tanguay avait dévié vers la gauche et empiétait sur l’autre voie, provoquant une collision avec une autre voiture dans laquelle prenaient place un couple âgé dans la cinquantaine.

Mercredi au palais de justice de Valleyfield, le procureur Me Patrick Cardinal a demandé l’imposition d’une peine de 54 à 60 mois avec une interdiction de conduire de 6 ans. 

« En pareille circonstances, et face à des conséquences aussi dramatiques que celles de ce dossier, où une jeune fille a trouvé la mort et deux personnes ont été blessées de façon permanente, la poursuite demande l’imposition d’une peine substantielle de détention pour dénoncer le crime et dissuader l’accusée et toute personne de prendre le volant alors que les capacités de conduire sont affaiblies, dit-il. Ce crime est un fléau depuis plus de 20 ans au Canada et la Cour doit passer un message clair que les délinquants qui conduisent avec les capacités affaiblies et qui fauchent des vies recevront une peine d’incarcération conséquente. »

La défense, représentée par Me Michel Vleminckx et Me Andrée-Anne Blais, a pour sa part jugé qu’une peine de de moins de 2 ans avec une probation de 3 ans et une interdiction de conduire à déterminer par le juge, serait adéquate.

Vibrants témoignages

Les représentations sur sentence qui avaient lieu mercredi devant le juge Richard Marleau, ont donné lieu à des témoignages teintés d’intenses émotions.

À commencer par l'oncle de la victime, Peter Richardson, sa sœur Cassandra ainsi que sa cousine, Elizabeth Richardson. Dans un témoignage ponctué de nombreux sanglots, celle-ci a raconté les moments difficiles vécus à l’hôpital en apprenant que la jeune femme était décédée.

La cousine a aussi montré du doigt l’attitude de l’accusée qui, à peine trois mois après l’accident, s’affichait sur les réseaux sociaux en train de faire la fête. « Où sont tes regrets, tes excuses ? », a-t-elle lancé au tribunal.

Dans un témoignage lu par le procureur Patrick Cardinal, la sœur de la victime, Cassandra, mentionne que cet événement l’a détruite psychologiquement.

Par ailleurs, le témoignage des deux quinquagénaires qui prenaient place dans l’autre voiture a donné de sérieuses indications sur les conséquences qu’a entraînées cette tragédie pour eux.

Emile Chicas et Rosalina Henriquez subissent encore les conséquences de cet accident. (Photo Journal Saint-François Mario Pitre)

Emile Chicas, aujourd’hui âgé de 62 ans, a raconté comment il était passé à deux doigts de la mort à la suite de cette collision.

« Il ne me reste rien de mon corps d’avant, dit-il. On m’a installé des pièces de métal dans ma main droite, des visses dans la colonne vertébrale… ma cheville a été reconstruite, ce qui me force à porter deux chaussures de pointures différentes. » À cela s’ajoutent des pertes de mémoire, difficulté de concentration, en plus d’une dépression majeure. 

« On a survécu, mais en même temps, on est mort », a résumé sa conjointe, Rosalina Henriquez.

L’accusée Karell Tanguay a aussi eu l’occasion de prendre la parole. Les larmes aux yeux, elle a tenu à s’excuser sincèrement auprès des proches de la victime de même qu’aux passagers de l’autre véhicule impliqué.

Karell Tanguay a présenté trois lettres d’excuses aux personnes qui ont subi les conséquences de l’accident qu’elle a provoqué alors qu’elle était en état d’ébriété. (Photo Facebook)

Elle dit avoir pris conscience des conséquences de ses gestes lorsque le juge a reconnu sa culpabilité aux neuf chefs d’accusation portés contre elle en avril dernier. En juin, elle décidait de participer à des rencontres des Alcooliques Anonymes.

De plus, c’est pour rendre hommage à sa meilleure amie décédée qu’elle avait entrepris de mettre sur pied en 2020 une entreprise de vêtements appelée Oli & K, qui a versé quelque 5000 $ en dons à la Fondation Sainte-Justine.

Le juge Richard Marleau rendra sa sentence le 18 novembre prochain.