Fraudes envers les aînés: le fléau de l’heure

À l’échelle du Québec, on assiste à une explosion des fraudes à l’endroit des aînés.
«Le fléau de l’heure, ce sont les fraudes. Les dossiers de fraude grimpent de façon exponentielle. Ça n’a pas de bon sens! Ce sont des montants faramineux qui sont dilapidés», déplore en entrevue l’agent socio-communautaire responsable des aînés à la Régie intermunicipale de police Richelieu/Saint-Laurent, Éric Boulianne.
La Régie couvre un vaste territoire composé de 17 municipalités, soit une population totale de près de 222 300 citoyens. Les dossiers de toutes sortes ne manquent donc pas et, devant la recrudescence des cas d’abus à l’endroit des aînés, la direction a décidé en 2023 de créer le poste d’agent sociocommunautaire responsable des aînés.
L'agent socio-communautaire responsable des aînés, Éric Boulianne, et la travailleuse sociale, Camylle Côté.
Cet agent est épaulé par une travailleuse sociale, par l’ensemble de ses 258 collègues et aussi par de nombreux responsables d’organismes communautaires qui sont autant de ressources pour aider les personnes âgées en difficulté. L'agent socio-communautaire responsable des aînés, Éric Boulianne, et la travailleuse sociale, Camylle Côté.
«Nous avons constaté qu’en moyenne, un peu plus d’un aîné de 65 ans et plus est victime d’une fraude tous les deux jours sur notre territoire. Ces fraudes prennent différentes formes : fraude amoureuse, du faux représentant ou encore fraude dite du grand-parent.»
À l’échelle du Québec, on assiste aussi à une explosion des fraudes à l’endroit des aînés. Selon le dossier publié le 13 septembre dans Le Journal de Montréal, le nombre d’accusations en lien avec des aînés fraudés a été multiplié par 14 en 6 ans seulement, soit de 2019 à 2024.
De son côté, La Presse a publié en avril une série de reportages qui fait état de centaines de grands centres implantés en Asie du Sud-Est. La cyberfraude rapporte des dizaines de milliards de dollars à des réseaux criminels chinois et elle est devenue une industrie d’une ampleur comparable à celle du trafic de drogue. Ces centres sont remplis de gens qui sont carrément forcés d’arnaquer des centaines de milliers de citoyens occidentaux, dont au Québec…
Changer la vie des gens
La semaine avant notre rencontre, l’agent travaillait sur le dossier d’une femme qui a enlevé sa fille de sa procuration bancaire et qui a vendu sa maison pour aller retrouver son amoureux de 36 ans au Texas. Cette dame a 79 ans.
«Moi j’éteins le feu, je mets en place des filets de sécurité et, par la suite, ça prend du soutien des partenaires. […] Souvent, les gens quand ils ne sont pas soutenus, ils retombent», ajoute-t-il en soulignant que les fraudés sont souvent dans le déni, même si on leur prouve le contraire.
«On voit vraiment des bons résultats. On voit vraiment une grosse différence sur le terrain», lance-t-il en appuyant sur l’importance de la sensibilisation dans ces dossiers. Ce qui l’encourage aussi, c’est que la Régie recevra à Nicolet l’ensemble de toutes les organisations policières au Québec, les 27 et 28 novembre.
«Nous sommes l’organisation hôte et on a choisi comme thème de parler de la protection des aînés, de parler et d’expliquer des bonnes retombées afin que ce modèle puisse s’étendre à la grandeur du Québec.»
Éric Boulianne est éligible à la retraite depuis deux ans, mais il a choisi de continuer. «Je suis passionné par ce travail et je vois que je fais une différence sur le terrain. On peut changer la vie des gens et c’est vraiment très valorisant.»
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