Exercices de feu grandeur nature à Saint-Anicet
Pendant plus d’une semaine, des pompiers de la région, mais aussi d’Europe ont combattu les flammes dans l’ancienne salle de réception du Club de golf de Saint-Anicet. Des mises en situation réelles qui ont permis d’approfondir les connaissances dans l’extinction des incendies.
Seize scénarios ont été étudiés du 4 au 11 mai dans l’immeuble qui était voué à la démolition.
Flash Formation est un organisme québécois qui se spécialise dans les tactiques de combat incendie. Le feu a changé dans les dernières années si bien que les façons d’éteindre les feux ont aussi évolué.
«Les gars peuvent aller chercher beaucoup d’expérience, confirme Dominic Charbonneau, chargé de projet de l’organisme. Dans une petite municipalité comme Saint-Anicet, il y a peut-être 1 ou 2 feux de bâtiment par année. L’expérience ne s’achète pas; elle s’acquiert.»
Stéphane Thibault, directeur du Service de sécurité incendie de Saint-Anicet, expliquait que les simulations réelles permettaient d’analyser et comprendre le phénomène. Ce qui n’est pas possible lors d’un vrai incendie où les pompiers agissent en intervention.
Flash Formation a organisé tout près de 20 mises à feu formatives depuis sa fondation. Celle de Saint-Anicet demeure la plus importante à son palmarès.
«Ce ne sont pas des feux de camp que l’on allume. Ce sont des mises à feu pédagogiques.» - Dominic Charbonneau, chargé de projet chez Flash Formation
Sur place, des pompiers de Saint-Anicet, Huntingdon et d’autres services de sécurité incendie du Québec ont pu acquérir de nouvelles notions. Des confrères de la France, la Belgique, des Pays-Bas et de la Corse ont aussi obtenu une mise à jour de leur acquis lors de cette semaine.
L’évolution du métier
Cette formation respecte la norme NFPA 1403 qui encadre ces feux pédagogiques. «Il y a déjà eu des morts lors d’exercices, a convenu M. Charbonneau. La sécurité est donc le mot d’ordre. Les feux ne sont pas allumés avec du gaz et des allumettes.»
L’édifice a été délesté de nombreux produits inflammables et revêtements. On évalue à 600 le nombre d’heures requises pour modifier le bâtiment afin de s’assurer d’un entraînement sécuritaire.
Seize scénarios ont été étudiés durant la semaine dans l'ancienne salle de réception du Club de golf de Saint-Anicet. (Photo : capture d'écran Flash Formation)
Le 7 avril au matin, les pompiers ont pratiqué une attaque transitoire de l’extérieur du bâtiment.
«Lorsque moi j’étais à l’école des pompiers, il y a 20 ans, on disait aux pompiers de ne jamais arroser le feu de l’extérieur vers l’intérieur, a expliqué Simon Brien, vice-président de Flash Formation. On avait la perception que c’était dangereux de propager le feu à l’intérieur. La production de vapeur allait brûler davantage les gens à l’intérieur. Ce mythe-là a été déconstruit au cours des dernières années notamment grâce aux travaux de recherche.»
L’importance de la formation
Une formation de cette ampleur commande des coûts d’environ 200 000$. Plusieurs partenaires acquittent la facture.
«Une formation comme celle-là n’a pas de prix, a reconnu Gino Moretti, maire et pompier. C’est vraiment pour le bien-être du pompier et de la municipalité. Afin de s’assurer que les interventions nécessaires sont prises pour le bien-être de notre communauté.»
Des pompiers de l’Europe
La présence de pompiers européens à la formation n’est pas banale. «Leurs constructions sont surtout en béton, a expliqué M. Charbonneau. La notion de brûler dans un environnement combustible, ils ne connaissent rien là-dedans. Souvent, un feu dans une pièce, ils l’arrosent et coupent l’entrée d’air.»
L’utilisation du bois est cependant de plus en plus utilisée dans les bâtiments. Si bien que les pompiers doivent s’assurer d’éviter les propagations ou les combustions souvent cachées dans les murs ou l’entretoit. Une façon nouvelle de combattre les feux qui peut être intrigante pour les pompiers européens.
Les pompiers ont pratiqué une attaque transitoire de l'extérieur du bâtiment lors du passage du Saint-François le 7 mai. (Photo Journal Saint-François : Eric Tremblay)