Elle conservait le cadavre d’une bénéficiaire

Maria-Graciela Arancibia Medina a été sentencée, le mercredi 4 mai, à une peine de 18 mois de détention à domicile ainsi que 90 jours de détention de façon discontinue pour des accusations «d’avoir omis de fournir les choses nécessaires à l’existence d’une bénéficiaire», d’outrage à un cadavre et de supercherie.
Les faits reprochés à la dame de 53 ans se sont déroulés entre le 19 octobre 2012 et le 2 novembre 2012 à Terrasse-Vaudreuil. Maria-Graciela Arancibia Medina louait alors l’ancien presbytère de Terrasse-Vaudreuil pour y opérer un centre d’hébergement et maison de répit pour personnes handicapées appelé «Mon phare».
La victime dans cette sordide histoire est une bénéficiaire de 33 ans, résidente à la ressource depuis juillet 2011 qui visitait sa famille une fin de semaine sur deux. Alors que la mère de la victime devait aller la chercher le 18 octobre 2012, Maria-Graciela Arancibia Medina l’a appelée pour lui mentionner que sa fille voulait demeurer au centre pour célébrer une fête dans le cadre de l’Halloween.
Une semaine plus tard, Maria-Graciela Arancibia Medina a de nouveau communiqué avec la mère pour lui dire qu’elle avait l’intention d’amener la victime avec elle chez une amie à Lachute et qu’elles seront de retour à la ressource le 1er novembre 2012. Toutefois, la mère n’a pas eu le message et elle s’est présentée au centre, mais une note dans la porte indiquant que la ressource était fermée lui a fait rebrousser chemin.
Fait qui peut sembler anodin, mais qui n’a pas passé sous silence devant le tribunal, le chèque d’aide sociale du mois de novembre 2012 de la victime a été déposé dans le compte en banque de Maria-Graciela Arancibia Medina par dépôt direct. Cette dernière n’a effectué aucune démarche pour remettre l’argent.
La procureure aux poursuites criminelles et pénales Nathalie Boisvert explique que la théorie de l’appât du gain peut-être envisageable. «C’est un dossier très particulier. Il y a deux théories de possibles. Soit que la victime a été gardée même si elle était décédée dans le but d’encaisser le chèque d’aide sociale, soit Maria-Graciela Arancibia Medina ne pouvait s’admettre qu’une bénéficiaire était décédée», informe Me Boisvert.
Elle appelle la police
C’est le 2 novembre 2012, après avoir communiqué avec les bureaux des députés provincial et fédéral, pour leur mentionner qu’elle prend soin d’une personne avec qui elle a des problèmes que Maria-Graciela Arancibia Medina appelle la centrale 911.
Lors de l’appel, l’accusée mentionne avoir contacté l’ambassade de son pays d’origine. Une fois sur place, les policiers constatent qu’un corps se trouve dans un état de putréfaction avancée. Dans le rapport d’autopsie obtenu par le Journal Saint-François, on peut y lire qu’il est impossible de déterminer la cause et la date exacte du décès étant donné l’état de momification.
Toutefois, la preuve révèle que suite au décès de la victime, que le corps a été enduit de crème, qu’il a été déplacé à divers endroits et que Maria-Graciela Arancibia Medina a continué de recevoir des pensionnaires dans son centre d’hébergement.
Devant les faits, la juge Marie-Chantal Doucet a imposé une sentence de 18 mois dans la collectivité. Maria-Graciela Arancibia Medina devra rester à son domicile 24 heures sur 24 pour les neuf premiers mois et répondre à toutes les vérifications téléphoniques. De plus, il lui est désormais interdit d’opérer ou d’ouvrir un centre d’hébergement ou de répit pour personnes non autonomes ou avec une déficience. Pour les derniers neuf mois de sa sentence, la dame devra être à sa résidence de 21 h à 6 h. De plus, Maria-Graciela Arancibia Medina doit exécuter 100 heures de travaux compensatoires dans un délai de 17 mois et se soumettre à une période de probation de trois ans.